Les épreuvesBossesLes concurrents descendent à skis une piste bosselée de 230 à 270 m de longueur et avec une déclivité de 27%, en maintenant la ligne la plus directe entre le départ et l'arrivée, tout en ponctuant leur descente de sauts techniques et de vrilles. Certaines des bosses peuvent atteindre 1,20 m de hauteur. Cette épreuve est très exigeante physiquement car le skieur doit continuellement absorber les chocs par des flexions des genoux et des mouvements de hanches, les épaules devant rester face à la descente. Idéalement, les skis ne doivent jamais décoller de la neige, à l'exception des deux sauts obligatoires à effectuer à des endroits bien précis - au premier et deuxième tiers de la piste. Les virages doivent être brefs et totalement contrôlés. Les sauts portent des noms étranges pour des non-initiés, comme la croix de fer, l'hélicoptère ou le daffy.
SautLe skieur s'élance sur une pente et choisit entre plusieurs tremplins le plus adapté aux figures qu'il va présenter. Quand le skieur atteint le tremplin, dont l'angle peut atteindre 70 degrés, il effectue des sauts, qui peuvent atteindre la hauteur d'un immeuble de trois étages, ponctués de techniques variées (vrilles, rotations, etc.) à l'exception des sauts périlleux. La zone de réception a une déclivité de 37 degrés ; elle est couverte de neige molle pour amortir les réceptions.
La compétition
BossesUn 1er tour qualifie 16 concurrents pour la finale (messieurs et dames). En finale, les skieurs prennent le départ dans l'ordre inverse des résultats des qualifications. Le concurrent qui réussit le meilleur score de la finale est déclaré vainqueur. SautUn 1er tour éliminatoire (2 sauts) est suivi de la finale (2 sauts également) Les concurrents sont divisés en 2 groupes déterminés par le classement de la Coupe du monde ; les plus faibles sautent en premier. Le total des scores des 2 sauts qualifie 12 concurrents pour la finale (messieurs et dames). Seul le score des 2 sauts de la finale est pris en compte pour déterminer le vainqueur. Règles et cotation
Bosses Les concurrents sont notés par 7 juges Le maximum de points possible est de 30 ; les virages entrent pour 50 % dans la note, les sauts pour 25 % et la vitesse pour 25 %. Virages : 5 juges notent la qualité des virages ; la note la plus élevée et la note la plus faible sont écartées ; les 3 autres sont additionnées pour obtenir une note maximale de 15 points. Sauts : les 2 autres juges se concentrent sur les sauts ; chaque saut est noté sur un maximum de 7,5 points. SautLes concurrents sont notés par 7 juges ; la note maximale est de 30 points La qualité du vol entre pour 20 % dans la note, le style pour 50 % et la réception pour 30 % ; ces notes s'additionnent et sont dotées d'un coefficient attribué à chaque saut en fonction de sa difficulté. 5 juges notent le vol et le style sur 7 points ; la note la plus haute et la note la plus basse sont écartées ; les 3 autres sont additionnées pour obtenir une note maximale de 21. 2 juges notent la réception sur 3 points ; on calcule la moyenne des 2 notes, puis on multiplie par 2 pour obtenir une note maximale de 9.
L'équipement
Bosses Les skis peuvent avoir la longueur désirée par le concurrent, mais sont généralement plus courts que ceux utilisés en ski alpin. Les bâtons sont d'une grande utilité tant pour l'équilibre, la réalisation des virages que pour l'accélération. La combinaison est assortie de renforts colorés au niveau des genoux pour attirer notamment l'attention des juges sur les mouvements de cette partie du corps. SautLes skis sont courts et légers, adaptés à la courbe du tremplin et faciles à utiliser dans la phase de vol. Les chaussures sont les mêmes qu'en ski alpin pour absorber la force de la réception. Un casque en plastique dur est indispensable.
Le rêve des AméricainsLes racines des compétitions de ski acrobatique ou "freestyle", discipline colorée et spectaculaire, remontent aux années 1930 sur les pentes des forêts de Scandinavie où sauts et virages délicats étaient indispensables sur les bosses et les tremplins naturels qu'offrent les paysages proches du pôle nord. Mais le développement du ski acrobatique (ou artistique pour certains) ne date que des vingt dernières années du 20e siècle. Son essor en Amérique du nord et l'engouement du jeune public ont fortement contribué à son entrée au programme olympique officiel, en 1992 à Albertville. Les responsables européens du ski ont toujours toléré voire encouragé le ski avec des sauts et des bosses comme aide supplémentaire à la performance. Mais longtemps les conservateurs ont refusé de voir transformer en un sport olympique ces "gesticulations" à skis. Comme d'habitude, les Américains ont eu moins de respect pour la tradition. Leurs qualités de dynamisme et de créativité ont rendu inévitable l'avènement du "ski en toute liberté" comme sport de compétition. La reconnaissanceC'est donc sur le continent américain qu'ont eu lieu les premières compétitions, au milieu des années 1960. Le premier tournoi a été organisé à Waterville Valley, dans le New Hampshire, en 1966. Dès lors, à partir des années 1970, ce sport a traversé l'Atlantique pour envahir le Vieux Continent. C'est en 1979 que le ski acrobatique a connu un véritable essor avec sa reconnaissance officielle par la Fédération Internationale de Ski (FIS). Dans le même temps, de nouvelles règles concernant les participants et les techniques de saut étaient introduites pour brider certaines expériences aériennes jugées dangereuses. Les premiers Championnats du monde se sont tenus à Tignes, dans les Alpes françaises, en 1986, avec des compétitions de bosses, de saut et de ballet. La plupart des concurrents étaient Américains, Canadiens ou Européens. Malgré cette image marquée de sport loisir, le ski acrobatique a reçu l'agrément olympique peu après et a été introduit dans le programme dès les JO d'Albertville en 1992 avec les épreuves de bosses (messieurs et dames). L'épreuve de saut est entré dans le giron olympique à Lillehammer, deux ans plus tard. Dates d'entrée aux JO
1992 Bosses messieurs et dames 1994Saut messieurs
et dames
Pas de deuxS'il n'existe que 2 compétitions de freestyle aux JO, les bosses et le saut, ce sport compte 2 autres disciplines. Sport de démonstration aux Jeux de Calgary en 1988, le ballet y était décrit comme du "patinage artistique sur skis". Le ballet est une épreuve où des boucles, des sauts et des pas sont effectués en musique. La 4e discipline est le combiné, qui regroupe les points acquis en saut, bosses et ballet. AmbianceLes compétitions de bosses ont lieu avec en arrière-fond une musique de rock assourdissante et le commentaire en direct de chaque bosse, ce qui entretient l'enthousiasme des supporteurs. La langue "hot-dog"Les pionniers du "hot-dog", dans les années 1950-1960, ont créé leur propre langue pour décrire les exploits de ces casse-cou de la neige. Vous ne parlez la langue que lorsque vous savez reconnaître le "full full full" (3 sauts périlleux et 3 rotations), un "full double full full" (3 sauts périlleux et 4 rotations) ou le "full double full tuck" (3 sauts périlleux et 3 rotations avec pour le second saut périlleux 2 rotations). Dur pour les commentateurs des radios ou des télévisions. Trop loinAucune règle ne présidait aux épreuves de saut avant l'intervention de la Fédération Internationale de Ski en 1979. Aujourd'hui, des règles de sécurité ont réduit les risques mais avec des skieurs qui peuvent atteindre des hauteurs de 15 m, les accidents restent possibles. Ainsi, l'Américain Eric Bergoust arrive à effectuer des quadruples flips, mais la FIS les a interdits de compétition jusqu'en 2003. Le champion du monde a déjà eu une série de graves blessures durant sa carrière, tout comme l'Australienne Jacqui Cooper qui, victime d'une grave chute aux JO de Nagano en 1998, a été incapable de marcher pendant deux jours. CatastropheLa championne du monde junior, l'Allemande Sandra Schmitt, 19 ans, a fait partie des 155 victimes de la catastrophe du funiculaire du glacier du Kitzsteinhorn, en Autriche, en novembre 2000. Cet accident a été qualifié de "plus grande tragédie de l'histoire du ski alpin" par le secrétaire général de la Fédération allemande. 155 personnes, parmi lesquelles le champion du monde de slalom et slalom géant handisport, l'Autrichien Josef Schaupper, ont péri dans l'incendie du funiculaire.
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Edgar Grospiron (Fra/17.03.1969)Le premier champion olympique, en bosses, aux JO d'Albertville en 1992. Ce skieur extraverti aurait pu rééditer son exploit en 1994 à Lillehammer, mais il déçoit en n'obtenant que la médaille de bronze. Grospiron s'était blessé à un genou pendant la saison 1992-93 mais était revenu au plus haut niveau dès la suivante pour s'adjuger 4 des 5 compétitions avant les JO de 1994. Il a gagné 3 fois la Coupe du monde, en 1990, 1991 et 1992.
Jean-Luc Brassard (Can/24.06.1972)Principal rival de Grospiron aux JO de 1992 et 1994. Il prit l'ascendant sur le Français lorsque ce dernier fut blessé à un genou lors de la saison 1992-93. Vainqueur de la Coupe du monde 1993 et champion du monde la même année, il s'imposa aux Jeux de Lillehammer. Vainqueur de la Coupe du monde en 1996 et 1997, il termina au pied du podium des bosses à Nagano en 1998. Depuis, l'homme aux 34 victoires de Coupe du monde n'a plus côtoyé les sommets.
Lina Tcheriazova (Ouz/01.01.1968)Victorieuse de la Coupe du monde de sauts en 1993 et 1994, l'Ouzbeke Lina Tcheriazova était la grandissime favorite des JO de Lillehammer. Cependant, il lui fallut un superbe saut pour décrocher l'or. Plus tard, elle fut victime d'un grave traumatisme cérébral après avoir heurté violemment le tremplin lors d'un entraînement. Malgré cela, elle revint au plus haut niveau où elle figure encore.
Eric Bergoust (USA/27.08.1969)Adolescent, Eric Bergoust aimait à se lancer du toit de sa maison sur une pile de matelas. En 1988, ce casse-cou rejoignit le circuit du ski acrobatique nord-américain, où il provoqua une surprise en remportant 5 des 6 compétitions. Il gagna aisément l'or à Nagano puis le titre mondial. Inventeur de la technique de la pale ("propellor technique"), l'Américain est également recordman du monde des points acquis dans une compétition : 260,98 pts.
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Les grandes dates | années 30 - Les sauts, les virages serrés et les bosses font partie de l'entraînement des Norvégiens | 1950 - Stein Eriksen, médaillé d'or olympique, développe le concept de sauts | années 60 - Aux Etats-Unis, des skieurs effectuent des sauts impressionnants dans une discipline dénommée "hot dog" | 1966 - 1re compétition à Waterville Valley, aux Etats-Unis | 1971 - 1re compétition professionnelle | 1979 - La Fédération Internationale de Ski (FIS) reconnaît le ski acrobatique (ou artistique) | 1980 - Création de la Coupe du monde de ski acrobatique | 1986 - 1ers Championnats du monde à Tignes, dans les Alpes françaises | 1988 - Le ski acrobatique (les bosses uniquement) est sport de démonstration aux jeux Olympiques de Calgary | 1992 - L'épreuve de bosses fait partie du programme des JO d'Albertville ; elle est disputée à Tignes | 1994 - L'épreuve de saut rejoint les bosses aux JO de Lillehammer |
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