Enfin l'alpin...Après une timide apparition avec le seul combiné aux JO de 1936, le ski alpin fait un retour en force aux premiers Jeux d'hiver de l'après-guerre, en 1948, avec six épreuves, contre cinq au ski de fond. C'est donc à Saint-Moritz que l'alpin prend définitivement le pouvoir. Attribués à la station japonaise de Sapporo, les Jeux d'hiver de 1940 n'avaient pas eu lieu, pas plus que ceux de 1944, annulés pour cause de guerre mondiale. Candidate battue pour les JO de 1940, Saint-Moritz, épargnée par le conflit mondial, récupère les Jeux, vingt ans après les avoir organisés une première fois. La station suisse accueille 669 concurrents (dont 77 femmes) de 28 pays. Comme en 1928, le foehn fait des siennes. Ce vent du sud chaud et sec perturbe surtout le patinage de vitesse et le hockey sur glace, mais les organisateurs font des merveilles et ces Jeux du renouveau (sans l'Allemagne ni le Japon) sont un succès sur le plan sportif. Nouvelle discipline reine des Jeux, le ski alpin sourit à la France, qui enlève cinq des neuf médailles masculines. Le héros français est Henri Oreiller, "le fou descendant", vainqueur de la descente et du combiné et 3e du slalom. Button écrit l'histoireDick Button est l'une des grandes figures de ces Jeux. Brillant vainqueur du patinage artistique, l'Américain fait entrer sa discipline dans une ère nouvelle, imposant la qualité de ses sauts et réussissant le premier double axel de l'histoire. Les Suédois brillent en ski de fond, les Norvégiens en
saut à skis et en patinage de vitesse. Les Etats-Unis s'illustrent en alpin par leurs skieuses (or du slalom, argent du combiné), mais ils sont surtout au centre d'une polémique au hockey sur glace, où deux équipes entendent les représenter. Absence de l'Allemagne et du Japon, foehn facétieux, controverse du hockey, manque de spectateurs dà» à une capacité hôtelière insuffisante... Rien n'y fait. Ces Jeux, remarquablement organisés, sont réussis. La joie des retrouvailles, douze ans après Garmisch, a été la plus forte. L'Olympisme a survécu aux longues années de guerre, ce que confirmeront les Jeux d'été de Londres quelques mois plus tard.
La fiche |
Dates : 30 janvier - 8 février
1948
| Nations : 28 (l'Allemagne et le Japon ont été exclus) | Sports : 9 | Sport de démonstration : 2 (patrouille militaire, pentathlon d'hiver) | Epreuves : 22 | Villes candidates pour les JO de 1940 : Garmisch-Partenkirchen (All), Oslo, Sapporo (Jap), Saint-Moritz (Sui) | Villes candidates pour les JO de 1944 : Cortina d'Ampezzo (Ita), Montréal (Can), Oslo | Ville candidate pour les JO de 1948 : Lake Placid (USA) | Participants : 669 (592 hommes, 77 femmes) | Participants français : 45 (38 hommes - 7 femmes) | Médailles distribuées : 68 (2 places de 3e ex aequo en descente M de ski alpin, 3 places de 2e ex aequo en patinage de vitesse, 500 m) | Palmarès français : 5 (2 or, 1 argent, 2 bronze) | Ouverture des Jeux : Proclamée par Enrico Celio, président de la Confédération Helvétique | Serment Olympique : Prêté par le hockeyeur Riccardo "Bibbi" Torriani | Flamme Olympique : Allumée par le hockeyeur Riccardo "Bibbi" Torriani | Président du CIO : Sigrid Edstroem (Suè) |
Une équipe américaine de trop au hockey Les premiers Jeux d'hiver de l'après-guerre sont une réussite. La seule fausse note vient du hockey sur glace où les organisateurs doivent faire face à la présence de deux équipes des Etats-Unis. Il leur faut donc trancher et dire laquelle est habilitée à représenter son pays. La première a l'agrément du comité olympique américain, l'AOC, présidé par le très rigide Avery Brundage, futur président du CIO, qui mène déjà une croisade contre le professionnalisme. Une croisade qu'il conduira toute sa vie et qui lui fera exclure le skieur autrichien Karl Schranz des Jeux de 1972. La seconde est envoyée par l'American Hockey Association, l'AHA, fédération dissidente créée l'année précédente et rejetée par M. Brundage qui lui reproche de bénéficier de parrainages commerciaux, enfreignant ainsi l'amateurisme attaché alors à la notion d'olympisme. Situation ubuesque Deux jours avant la cérémonie d'ouverture, le comité exécutif du CIO décide d'interdire aux deux équipes de participer au tournoi olympique. Mais le comité d'organisation de Saint-Moritz accepte de reconnaître exclusivement l'équipe de l'AHA, se rangeant ainsi du côté de la fédération internationale. On aboutit donc à une situation ubuesque. L'équipe agréée par l'AOC est la seule à défiler lors de la cérémonie d'ouverture. En revanche, celle qui joue effectivement le tournoi est la formation soutenue par l'AHA, et qui termine quatrième derrière le Canada, la Tchécoslovaquie et la Suisse. Le CIO refuse dans un premier temps d'entériner le tournoi de hockey, puis revient sur sa décision et accepte de le prendre en compte à la condition expresse que l'équipe des Etats-Unis n'apparaisse pas dans le classement. Ce qui sera fait. Officiellement donc, il n'y a pas eu d'équipe américaine dans le tournoi de hockey sur glace aux deuxièmes Jeux de Saint-Moritz.
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Oreiller : la passion du risqueComme pour fêter ses vrais débuts olympiques, après la répétition générale qu'avait été le combiné de 1936, le ski alpin s'est offert à Saint-Moritz un champion de légende : Henri Oreiller . Dès la descente, le 2 février, le Français frappe fort. Très fort. Bien que relevant d'une récente fracture d'une jambe, le "fou descendant" justifie son surnom sur la piste du Piz Nair qu'il dévale en prenant tous les risques. Il fait passer le frisson dans le camp français quand il franchit sur le seul ski gauche le "mur de la sorcière", principale difficulté du tracé. Mais son autre sobriquet est "l'acrobate" et il se rétablit miraculeusement. Quand il franchit la ligne d'arrivée, il possède 4 secondes et 1 dixième d'avance sur son dauphin, l'Autrichien Franz Gabl. Oreiller a écrasé la première descente olympique. Il a réussi le plus grand écart jamais réalisé dans une descente aux JO. La passion de la vitessePersonnage haut en couleurs, volontiers provocateur, Oreiller n'avait-il pas annoncé avant les Jeux que ses adversaires n'avaient aucune chance de le battre et ne devraient même pas prendre le départ ? Trois jours plus tard, il est troisième du slalom , derrière le Suisse Edi Reinalter et son compatriote James Couttet. A lui le combiné. Deux médailles d'or, une de bronze, il est monté sur tous les podiums. Tous rendent un hommage unanime à sa glisse extraordinaire, son sens de l'équilibre hors du commun et sa témérité. Sa passion de la vitesse et des sensations fortes conduit ensuite le funambule du ski français vers la course automobile. Double champion de France des rallyes, en Tourisme, il se tue à 37 ans, le 7 octobre 1962, dans un accident sur le circuit de Linas-Montlhéry, près de Paris .
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InsoliteAyant toujours aimé le ski et l'automobile, le Français Henri Oreiller a pu associer ses deux passions. Le skieur, peu avare de fantaisies, s'est même amusé, un jour de juin 1952, à faire du roller-ski sur l'avenue des Champs-Elysées, où il était propriétaire d'un cabaret. A la plus grande joie des passants et au grand étonnement des automobilistes. AbsencesOutre l'Allemagne et le Japon, non invités, 3 pays ayant prévu de participer furent absents du rendez-vous de Saint-Moritz. Le Portugal et la Palestine se retirèrent au denier moment. Quant au seul engagé australien, un skieur, il se blessa à l'entraînement et déclara forfait. BenjaminsLes plus jeunes champions olympiques de Saint-Moritz furent deux patineurs : l'Américain Dick Button, avec 18 ans et 202 jours chez les messieurs, la Canadienne Barbara Ann Scott, 19 ans et 272 jours chez les dames. BisDeux concurrents médaillés aux premiers JO de Saint-Moritz en 1928 récidivèrent aux seconds Jeux organisés dans la station suisse 20 ans après. Le hockeyeur suisse, "Bibi" Torriani s'adjugea à chaque fois une médaille de bronze. L'Américain John Heaton, lui, enleva une seconde médaille d'argent, en skeleton. RegretsUn des grands favoris du ski alpin, James Couttet , ne gagne qu'une médaille d'argent en slalom et une de bronze au combiné à Saint-Moritz. La guerre aura sans doute coà»té au Français quelques médailles d'or, lui qui fut champion du monde à 16 ans, en 1938. InusableEngagé au dernier moment, Birger Ruud, devenu entraîneur des sauteurs norvégiens, se classa 2e du saut, 12 ans après sa médaille d'or de Garmisch, 16 ans après celle de Lake Placid. Pas mal pour un vétéran de 36 ans et demi. Tout terrainLe Tchécoslovaque Jaroslav Drobny revint de Saint-Moritz avec une médaille d'argent conquise en hockey sur glace. Il allait se rendre encore plus célèbre en tennis, en gagnant Wimbledon en 1954. Il est décédé en septembre 2001 à l'âge de 79 ans. DrameChampion olympique en bob à 2 avec Friedrich Waller à Saint-Moritz, le Suisse Felix Endrich fut champion du monde en 1953 à Garmisch avec Franz Stoeckli. Une semaine plus tard, toujours à Garmisch, il pilotait un bob à 4 quand celui-ci sortit de la piste et heurta un arbre. Endrich mourut sur le coup. Il avait 31 ans. Fin de sérieAux quatre premiers Jeux d'hiver, la Norvège avait raflé les 3 médailles du combiné nordique. A Saint-Moritz, les Finlandais Heikki Hasu et Martti Huhtala et le Suédois Sven Israelsson mirent brutalement fin à ce sans-faute. DémonstrationPour la 3e et dernière fois, la patrouille militaire, ancêtre du biathlon, fut sport de démonstration. Le pentathlon d'hiver aussi, pour la première et unique fois. Il comprenait ski de fond, tir au pistolet, descente de ski alpin, escrime et équitation.
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Le saviez-vous ? |
Débuts Plusieurs pays firent leurs grands débuts aux JO d'hiver à Saint-Moritz. Ces néophytes étaient le Chili, l'Islande, la Corée, le Danemark et le Liban.
| Doyen Le Belge Max Houden, membre de l'équipage belge deuxième du bob à 4 à Saint-Moritz, est le plus âgé de tous les médaillés des Jeux d'hiver. A 49 ans et 278 jours. | Première Nino Bibbia donna à l'Italie sa première médaille d'or des Jeux d'hiver en gagnant le skeleton, sur la célèbre piste de la Cresta Run de Saint-Moritz. Habitant la station suisse depuis des années, il en connaissait tous les pièges. | Héros Henri Oreiller fut le plus médaillé des Jeux de Saint-Moritz (2 or et 1 bronze en ski alpin). Le Français devança le Suédois Martin Lundstroem, double médaillé d'or en ski de fond. |
Bobsleigh |
Bob à 2 Hommes |
1. Switzerland II (SUI) 2.
Switzerland I (SUI) 3. USA II (USA)
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Bob à 4 Hommes |
1. USA II (USA) 2. Belgium
(BEL) 3. USA I (USA)
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Skeleton Hommes |
1. Nino Bibbia (ITA) 2. John R.
Heaton (USA) 3. John Crammond (GBR)
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Combiné
nordique
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Individuel Hommes |
1. Heikki Hasu (FIN) 2. Martti
Huhtala (FIN) 3. Sven Israelsson
(SWE)
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Hockey sur
glace
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Tournoi Hommes |
1. Canada (CAN) 2. Czechoslovakia
(TCH) 3. Switzerland (SUI)
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Patinage
artistique
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Individuel Femmes |
1. Barbara Ann Scott (CAN) 2. Eva
Pawlik (AUT) 3. Jeanette Altwegg (GBR)
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Individuel Hommes |
1. Richard Button (USA) 2. Hans
Gerschwiler (SUI) 3. Edi Rada (AUT)
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Couples
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1. Baugniet /
Lannoy (BEL) 2. Kiraly
/ Kekessy (HUN) 3. Diestelmeyer / Morrow
(CAN)
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Patinage de
vitesse
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10000 m Hommes |
1. Ake Seyffarth (SWE) 2. Lauri
Parkkinen (FIN) 3. Pentti Lammino (FIN)
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1500 m Hommes |
1. Sverre Farstadt (NOR) 2. Ake
Seyffarth (SWE) 3. Odd Lundberg (NOR)
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500 m Hommes |
1. Finn Helgesen (NOR) 2. Kenneth
Bartholomew (USA) 2. Robert Fitzgerald (USA) 2. Thomas
Byberg (NOR)
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5000 m Hommes |
1. Reidar Liaklev (NOR) 2. Odd
Lundberg (NOR) 3. Göte Hedlund
(SWE)
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Saut
à Skis
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Individuel Hommes |
1. Petter Hugsted (NOR) 2. Birger
Ruud (NOR) 3. Thorleif Schjeldrup
(NOR)
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Ski
alpin
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Combiné Femmes |
1. Trude Beiser (AUT) 2. Gretchen
Fraser (USA) 3. Erika Mahringer (AUT)
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Descente Femmes |
1. Hedy Schlunegger (SUI) 2. Trude
Beiser (AUT) 3. Resi Hammerer (AUT)
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Slalom Femmes |
1. Gretchen Fraser (USA) 2.
Antoinette Meyer (SUI) 3. Erika Mahringer (AUT)
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Combiné Hommes |
1. Henri Oreiller (FRA) 2. Karl
Molitor (SUI) 3. James Couttet (FRA)
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Descente Hommes |
1. Henri Oreiller (FRA) 2. Franz
Dabl (AUT) 3. Karl Molitor (SUI) 3. Rolf Olinger
(SUI)
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Slalom Hommes |
1. Edy Reinalter (SUI) 2. James
Couttet (FRA) 3. Henri Oreiller
(FRA)
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Ski de
fond
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18 km Hommes |
1. Martin Lunström (SWE) 2. Nils
östensson (SWE) 3. Gunnar Eriksson (SWE)
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4 x 10 km relais Hommes |
1. Sweden (SWE) 2. Finland
(FIN) 3. Norway (NOR)
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50 km Hommes |
1. Nils Karlsson (SWE) 2. Herald
Eriksson (SWE) 3. Benjamin Vanninen
(FIN)
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