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Barcelone 1992

Un spectacle sublime

         Les Jeux de Barcelone, avec plus de 9000 athlètes venus de 169 pays, sont les premiers à se dérouler sans boycottage depuis ceux de 1972 assurant ainsi la participation de toutes les puissances sportives.
         La commercialisation des Jeux atteint son maximum, avec pour symbole le prix exorbitant des droits de retransmission télévisuelle. Mais sur le site somptueux de la capitale catalane, les athlètes vont offrir un spectacle superbe.
         Cependant, le monde a changé depuis Séoul. Le démantèlement de l'Empire soviétique, la chute du Mur de Berlin et la fin de la politique d'apartheid en Afrique du Sud provoquent l'apparition de nouveaux visages.
         L'Estonie, la Lettonie et la Lituanie effectuent leur retour alors que les ex-républiques soviétiques concourent dans une équipe unifiée: la Communauté des Etats indépendants (CEI).
         Même l'Albanie, libérée de sa dictature stalinienne, participe à la fête olympique pour la première fois depuis 1972. Ainsi que les Serbes, autorisés à concourir comme indépendants après l'embargo imposé à la Yougoslavie par l'ONU.

Christie le doyen sur 100 m.
         A 32 ans, le Britannique Lindford Christie devient le doyen des champions olympiques sur 100 mètres, tandis que le champion du monde américain Michael Johnson, qui souffre d'une intoxication alimentaire, échoue en demi-finale du 200 mètres laissant le triomphe à son compatriote Mike Marsh. Un autre Johnson, Ben "le paria", tente un retour mais est éliminé sans gloire en demi-finale.
         En longueur, Carl Lewis qui a perdu un concours historique aux Mondiaux de Tokyo, l'année précédente, au cours duquel le record mythique de Bob Beamon fut amélioré de 5 centimètres (8,95 mètres), se venge en remportant son troisième titre olympique consécutif de la spécialité, sa 8e médaille d'or personnelle.
         Dans le stade olympique de Montjuich, les autres héros sont la Française Marie-José Pérec (400 m), qui remporte la première de ses trois médailles d'or olympiques, le Cubain Javier Sotomayor (hauteur), l'Espagnol Fermin Cacho (1500 m), la Britannique Sally Gunnell (400 m haies), l'Algérienne Hassiba Boulmerka (1500 m) et la Grecque Paraskevi Patoulidou (100 m haies), première femme de son pays championne olympique, qui profite parfaitement de la chute de la favorite, l'Américaine Gail Devers.

Fraternité africaine.
         Sur le 10.000 mètres, l'Ethiopienne Derartu Tulu effectue son tour d'honneur enlacée avec sa dauphine, la blanche Sud-Africaine Elena Meyer, offrant une superbe image.
         En natation, le Russe Alexandre Popov réussit un doublé 50 - 100 mètres nage libre. De leur côté, les Chinoises Zhuang Yong et Lin Li remportent des médailles d'or mais ces succès sont assombris par de forts soupçons de dopage.
         Le plus médaillé de ces Jeux est le Bélarusse Vitaly Scherbo, qui devient du même coup le premier gymnaste à remporter 6 médailles d'or dans la même olympiade.
         En aviron, le Britannique Steven Redgrave continue sa moisson olympique en obtenant sa troisième médaille d'or en autant d'olympiades.
         En basket-ball, la "Dream Team" américaine, conduite par Michael Jordan et Magic Johnson, écrase l'épreuve.
         Ces Jeux de Barcelone sont un véritable succès, qui a permis au sport de reprendre ses droits.

 


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Dates : Du samedi 25 juillet au dimanche 9 août
Autres villes candidates : Paris, Brisbane, Belgrade, Birmingham, Amsterdam
Mascotte : Cobi, le petit chien
Participants : 9367 (2708 femmes)
Nations : 169
Sports : 25
Epreuves : 256
Médailles distribuées : 815
Ouverture proclamée par : Juan Carlos Ier, Roi d'Espagne
Serment prêté par : Luis Doreste (voile)
Dernier relayeur : Juan Antonio San Epifano, "Epi" (Basket-ball - Espagne)
Flamme allumée par : Antonio Rebollo (Tir à l'arc paralympique)
Président du CIO : Juan Antonio Samaranch (Espagne)
Droits de télévision : 636,060 millions de dollars
Journalistes : 12.831 (techniciens radio et TV compris)

 


  Le saviez-vousTop 

        Election : Le CIO désigne Barcelone le 17 octobre 1986. La cité catalane devance Paris, Brisbane (Australie), Belgrade, Birmingham (Angleterre) et Amsterdam.

        Neutre : Les 12 républiques nées de l'éclatement de l'URSS se présentent sous le même uniforme, celui de l'équipe unifiée (E.U.N.).

        Retour : L'Afrique du Sud retrouve les Jeux ainsi que les trois Etats baltes: la Lituanie, l'Estonie, la Lettonie.

        Royal : L'héritier du trône d'Espagne, le Prince Félipe de Bourbon, est le porte-drapeau de sa délégation et participe aux épreuves de voile. En soling, il termine 6e.

        Guerre et paix : Les Jeux se déroulent au moment du conflit dans l'ex-Yougoslavie. Le président du CIO, Juan Antonio Samaranch, et le Pape demandent que soit repectée une trêve olympique. Sans succès.

        Anniversaire : Les Jeux coïncident avec le 500e anniversaire de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb.

        Démo : Trois sports sont en démonstration: pelote basque, taekwondo et rink-hockey. Le badminton fait son apparition au programme officiel.

        Parrains : 92 entreprises locales paient chacune 10 millions de pesetas pour financer la candidature de Barcelone.

        Télévision : Aux Etats-Unis, la chaîne NBC paie 416 millions de dollars l'exclusivité des retransmissions. Le prix des droits de télévision continuent d'augmenter à Barcelone. Au total, ils s'élèvent à 636 millions de dollars, dont 401 déboursés par la chaîne américaine NBC. A Séoul, les droits de retransmission avaient été de "seulement" 398 millions de dollars.

        Journalistes : 12.831 membres de la presse sont accrédités.

        Entrées : 6,7 millions billets sont vendus.

        Majesté : Carl Lewis, 31 ans, remporte la longueur pour la troisième fois consécutive.

        Intouchables : En basket-ball, la "Dream Team" américaine écrase la compétition, sous la conduite de Michael Jordan et "Magic" Johnson.

        Razzia : En gymnastique masculine, le Bélarusse Vitaly Scherbo gagne six médailles d'or, un record sur une seule olympiade dans cette discipline.

        Bilan : La CEI termine en tête au tableau des médailles avec 112 (dont 45 en or), les Etats-Unis avec 108 (37 en or) terminent deuxièmes devant l'Allemagne (82 médailles dont 33 en or).

        Dette : Les investissements pour les Jeux laissent une ardoise publique de 2,5 milliards de dollars.

        Triche : 1840 contrôles antidopage sont effectués. Cinq cas positifs sont relevés.

        Moderne : En boxe, les coups sont comptabilisés automatiquement et électroniquement.

        Fringant : Le vainqueur de la finale du 100 mètres, le Britannique Linford Christie, médaille d'argent à Séoul, devient à 32 ans le doyen des champions olympiques de l'épreuve-reine des Jeux (9.96).

        Domination : Les boxeurs cubains dominent largement la compétition en remportant 7 des 12 médailles d'or et 2 médailles d'argent. Les Etats-Unis repartent humiliés avec seulement trois podiums, leur plus mauvais résultat.

        Zéro pointé : Le favori indiscutable de la perche, l'Ukrainien Sergueï Bubka, est éliminé sans avoir réussi à passer la moindre barre.

 
 

L'exploitTop 

Scherbo, le gymnaste en or.
         A Barcelone, le gymnaste bélarusse Vitali Scherbo a réussi l'exploit de remporter six titres de champion olympique lors des Jeux de 1992, approchant d'une unité le record absolu sur une seule olympiade du nageur américain Mark Spitz, vingt ans plus tôt à Munich.
         Mais à défaut de détenir ce record symbolique, il est considéré par beaucoup comme l'un des plus grands gymnastes de l'histoire.
         Pourtant à son arrivée dans la cité catalane, il n'était pas considéré comme le favori, ce costume étant porté par l'Ukrainien Igor Korobchinsky, récent champion d'Europe.
         Mais Korobchinsky, seulement 5e de la compétition par équipes derrière 3 membres, dont Scherbo, de la Communauté des Etats Indépendants (CEI), doit assister au concours général individuel depuis les tribunes.
         Agé de 20 ans, Scherbo profite de l'occasion pour remporter sa première médaille d'or individuelle, après celle obtenue par équipes.
         Le Bélarusse termine premier au cheval d'arçons, aux anneaux et au sol. Au saut de cheval et aux barres parallèles il se classe 2e et à la barre fixe, son point faible, il termine 5e. Cette régularité lui vaut donc le titre du concours général.
         Deux jours plus tard, lors des finales par appareil, il a rendez-vous avec l'histoire. Barres parallèles, anneaux, saut de cheval et cheval d'arçons, où il termine à égalité avec le Nord-Coréen Pae Gil-Su, ne lui échappent pas. Au sol, il se contente de la 6e place alors qu'il n'est pas qualifié pour la finale de la barre fixe.
         Curieusement, son exploit ne fait pas de lui un héros. Certains lui reprochent en particulier son air arrogant et sa trop grande confiance en lui, réputation alimentée par son regard de défi après chaque sortie.
         Pour couronner le tout, ses six médailles lui seront dérobées et il sera incapable de confirmer aux Jeux d'Atlanta (4 médailles de bronze).

 


      Le faitTop 

Le CIO sort vainqueur des imbroglios diplomatiques.
         Fin de l'apartheid en Afrique du Sud, guerre dans l'ex-Yougoslavie, éclatement de l'Empire soviétique. La situation internationale est un véritable casse-tête pour le CIO qui, pourtant, va régler tous les problèmes pour réaliser des "Jeux universels".
         Le 9 juillet 1991, le CIO reconnaît le Comité olympique sud-africain (NOCSA), alors que l'apartheid n'est pas totalement démantelé. Le CIO fait crédit aux dirigeants sud-africains d'essayer de mettre fin à la discrimination dans le sport, avec pour symbole la nomination de Sam Ramzany, un infatigable combattant anti-apartheid, à la tête du NOCSA.
         Pourtant à quelques semaines des Jeux, la participation de l'Afrique du Sud paraît incertaine. Le massacre de 45 noirs dans les faubourgs de Johannesburg et la suspension des négociations constitutionnelles entre Noirs et Blancs, conduisent Nelson Mandela, alors président du Congrès national africain (ANC), à demander l'exclusion de son pays des Jeux de Barcelone. De son côté, le président blanc Frederik De Klerk estime que son pays doit participer.
         Le conflit met le CIO dans une position inconfortable, potentiellement explosive. Mais le parti de Mandela se décide finalement en faveur de la participation de la délégation sud-africaine dans laquelle figure une minorité de Noirs, parmi lesquels Jan Tau, son porte-drapeau.

Les Yougoslaves à titre individuel.
         Le cas de la Yougoslavie est tout aussi délicat. La Yougoslavie est en guerre contre la Croatie et la Bosnie-Herzégovine qui avec la Slovénie ont déclaré leur indépendance. Les Nations-Unies décident de sanctionner ce pays et en particulier d'interdire la participation des athlètes aux compétitions internationales.
         Le CIO propose que les Yougoslaves se présentent comme "Equipe indépendante" sous la bannière et l'hymne olympiques. Mais l'ONU s'oppose à la présence d'athlètes yougoslaves dans les épreuves par équipes.
         Deux jours seulement avant la cérémonie d'ouverture, le CIO, en négociation avec le CNO yougoslave, accepte les conditions de l'ONU. La Yougoslavie ne participera donc pas aux épreuves par équipes, mais ses représentants pourront le faire sous l'étiquette "Participants olympiques indépendants (PIO)". Ils ne pourront pas défiler lors des cérémonies d'ouverture et de clôture et le drapeau yougoslave sera remplacé par le drapeau olympique lors de la remise des trois médailles (1 en argent et 2 de bronze), obtenues en tir. Dans le même temps, le CIO reconnaît provisoirement le CNO de Bosnie-Herzégovine qui participe comme pays indépendant.

Le chant du cygne.
         Le 9 mars 1992, le CIO reconnaît les CNO des 12 ex-républiques soviétiques: l'Arménie, l'Azerbaïdjan, le Bélarus, la Géorgie, le Kazakhstan, le Kirghistan, la Moldavie, l'Ouzbekistan, la Russie, le Tadjikistan, le Turkmenistan et l'Ukraine. Les CNO de Lettonie, de Lituanie et d'Estonie qui ont gagné leur indépendance ont été reconnus en 1991.
         Les pays de l'ex-Union soviétique concourront finalement sous la bannière de l'Equipe unifiée (EUN). L'Ukraine avait émis le souhait de participer indépendamment, mais essuie un refus du CIO.
         Cette équipe unifiée disparaîtra cependant dès la fin des Jeux de Barcelone qui seront ainsi le chant du cygne du plus gros potentiel sportif de tous les temps.

 
 
Cette année làTop

        Ex-Yougoslavie : La CEE reconnaît l'indépendance de la Slovénie et de la Croatie le 15 janvier.

        Europe : Les représentants des 12 pays de la CEE signent le 7 février le Traité de Maastricht qui crée l'Union politique, économique et monétaire européenne.

        Bosnie : Après le boycottage du référendum par les Serbes, la Bosnie-Herzégovine déclare son indépendance le 1er mars.

        Espace : Le 13 mai, les Etats-Unis abandonnent définitivement l'Initiative de défense stratégique (IDS) surnommée "Guerre des étoiles".

        Italie : Le juge antimafia Giovanni Falcone est assassiné en compagnie de son épouse et de trois membres de son escorte dans un attentat à la bombe à Palerme le 23 mai.

        Irak : Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France imposent une zone d'exclusion aérienne dans le Sud de l'Irak pour protéger les populations chiites.

        Algérie : Le Président algérien Mohammed Boudiaf est assassiné par balles devant les caméras de télévision le 29 juin.

        Etats-Unis : Le démocrate Bill Clinton est élu président des Etats-Unis le 3 novembre.

        Somalie : Le 9 décembre, les troupes américaines débarquent en Somalie pour tenter de rétablir la paix entre les différentes factions.

 


      AnecdotesTop

         Sécurité : A cause des risques d'attentats des séparatistes basques de l'ETA, la sécurité est l'une des priorités des organisateurs. 45.000 membres des forces de sécurité sont en alerte. 5000 sont placés le long de la frontière avec la France. Un centaine de navires surveillent les côtes catalanes et quatre sous-marins sont à l'entrée du port olympique. Heureusement, ils n'auront pas à intervenir.

        Douleur : Le Britannique Derek Redmond, favori du 400 mètres, se blesse à 150 mètres de l'arrivée de sa demi-finale. Il chute lourdement. Malgré une intense douleur, Redmond veut terminer la course et ne pas être évacué sur une civière. Il se relève. Comme il ne peut pas marcher, il sautille dans son couloir n° 5. Son père, Jim, franchit alors les barrières, se dirige vers lui et le soutient. Derek est en larmes et semble souffrir terriblement. Tout le stade retient son souffle. A quelques mètres de la ligne, le père lache son fils et le laisse finir seul sous un tonnerre d'applaudissments.

        Dignitaires : Lors de la cérémonie d'ouverture, la tribune officielle est pleine de hauts dignitaires du monde entier. A côté du Roi Juan Carlos 1er, de la reine Sophie et du président du gouvernement espagnol Felipe Gonzalez, figurent le Sud-Africain Nelson Mandela, le Français François Mitterrand, le Cubain Fidel Castro, l'Argentin Carlos Menem et le vice-président américain Dan Quayle.

        Femme : La Chinoise Zhang Shan remporte l'épreuve du skeet dans une finale à quatre au milieu de trois hommes. Avec 373 cibles sur 375, Zhang bat le record olympique et égale le record du monde.

        Retour : Le Canadien Ben Johnson tente un retour après sa suspension pour dopage à l'issue de la finale du 100 mètres à Séoul. Il sera éliminé sans gloire en demi-finale.

        Grecque : Paraskevi Patoulidou est la première femme grecque championne olympique. En finale du 100 m haies, elle profite de la chute de la favorite, l'Américaine Gail Devers, et de l'abandon en demi-finale de la Russe Ludmila Narozhylenko.

        Record : En demi-finale du 200 mètres, l'Américain Mike Marsh réalise 19 sec 73, à un centième de seconde du record de l'Italien Pietro Mennea, établi en 1979. Pourtant, Marsh s'est relevé dans les 15 derniers mètres ratant sans aucun doute un superbe record. Il se consolera en remportant la finale.

        Réunification : Curieusement, l'Allemagne ne bénéficie pas de la réunification. Avec 82 médailles dont 33 en or, le pays obtient moins de médailles que la seule RDA à Séoul (102 médailles dont 37 en or).

        Dopage : Pour la première fois, les trois médaillés d'une épreuve ont été suspendus pour dopage. Au poids, les Américains Michael Stulce et James Doehring ainsi que le Russe Vyacheslav Lykho abandonnent leurs médailles et sont suspendus respectivement pendant 24, 14 et 3 mois.

        Tir à l'arc : La vasque, qui illumine pendant les épreuves le ciel du stade olympique, a été allumée par une flèche lancée par le tireur paralympique Antonio Rebollo. Celle-ci lui avait été transmise par le légendaire basketteur espagnol Juan Antonio San Epifanio.

        Scandale : La publication d'un livre "Le seigneur des anneaux", écrit par deux journalistes britanniques, à quelques mois des Jeux, est une vive critique des dirigeants du CIO. Les auteurs dénoncent la corruption des milieux olympiques et l'influence de l'argent dans les décisions. Ils rappellent également le passé franquiste du président Samaranch. L'institution intentera un procès aux deux hommes et obtiendra des dommages et intérêts.

        3x100 m : Le Jamaïcain Raymond Stewart, septième du 100 m, est le premier homme à se qualifier pour trois finales olympiques du 100 mètres. En 1984, il finit sixième et septième en 1988.

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