Le patinage de vitesse figure au programme des JO d'hiver depuis leur création en 1924. Sport conservateur, il s'est autorisé une seule audace : l'ajout d'une course à son programme (le 1000 m) en 1976, après plus d'un demi-siècle de présence aux Jeux. C'est donc une petite révolution qui eut lieu aux Jeux de 1992 à Albertville quand leshort-track, son fils turbulent, fit une apparition tonitruante dans le paysage olympique.

Après avoir vu le jour en Europe à la fin du 19e siècle, le short-track connut d'emblée un grand succès aux Etats-Unis et au Canada. Dès 1906, des compétitions furent organisées dans ces pays, qui mirent sur pied des championnats annuels à partir de 1921.

Le short-track devint même si populaire en Amérique du Nord que les organisateurs des JO de Lake Placid en 1932 firent courir les épreuves de patinage de vitesse grande piste selon la formule des séries éliminatoires en vigueur dans le short-track et non plus suivant celle du sacro-saint contre-la-montre.

Tenants de la tradition, les pays nordiques crièrent au scandale et quelques champions de renom déclarèrent forfait, comme le Finlandais Clas Thunberg. Rompus à ce type de compétitions, les Américains s'adjugèrent logiquement les quatre médailles d'or.

Poursuivant son développement, le short-track se réimplanta en Europe et gagna même l'Asie et l'Australie. Vifs, possédant un gabarit idéal, les Asiatiques, notamment les Chinois et les Coréens, devinrent rapidement des spécialistes redoutables.

La fédération internationale de patinage, l'ISU, reconnut le short-track en 1967 mais ne commença à apporter sa caution officielle à des compétitions qu'en 1976. Ce n'est qu'en 1981 que les premiers "vrais" Championnats du monde eurent lieu, en région parisienne, à Meudon-la-Forêt et virent la victoire du Canadien Benoit Baril et de la Japonaise Miyoshi Kato.

Curieusement, les Américains laissèrent passer l'occasion de faire entrer le short-track dans le giron olympique lors des JO de Lake Placid, en 1980. Voyant qu'il n'obtenait pas le label olympique, des champions comme l'Américaine Bonnie Blair et le Canadien Gaà«tan Boucher se tournèrent vers la grande piste où ils devinrent d'ailleurs champions olympiques.

Mais sous l'impulsion du Canadien Jean Grenier, ancien responsable du comité olympique de son pays, il fut désigné sport de démonstration aux Jeux de Calgary en 1988 et fit ses débuts quatre ans plus tard à Albertville.

Malgré les innombrables chutes, réclamations, disqualifications, podiums rectifiés (ou complétés avec le premier de la finale B), en dépit de la confusion des courses de relais, la discipline, spectaculaire, plaît et se fait sa place aux Jeux. Le short-track distribuait 4 médailles d'or en 1992, il en décernera 8 à Salt Lake City.

Seize médailles d'or ont été attribuées depuis les débuts du short-track aux JO, en 1992. La Corée du Sud en a remporté 9, le Canada 3, les Etats-Unis 2, le Japon et l'Italie 1. Mais avec 6 médailles d'argent et 2 de bronze, la Chine ne devrait pas tarder à monter sur la plus haute marche du podium.

1000 m messieurs, relais 5000 m messieurs, 500 m dames, relais 3000 m dames

500 m M, 1000 m dames

1500 m messieurs et dames

Le Sud-Coréen Kim Ki-Hoon, champion du monde en 1989, a eu une artère sectionnée et a passé quatre mois à l'hôpital cette année-là. Trois ans plus tard, il était champion olympique du 1000 m à Albertville et conservait même son titre en 1994 à Lillehammer.

Deux des concurrents de la finale A du 1000 m des JO de Lillehammer en 1994 ayant été disqualifiés, il fallut aller chercher le vainqueur de la finale B, le Canadien Marc Gagnon, pour désigner le médaillé de bronze.

La double championne olympique du 500 m, Cathy Turner, faisait l'unanimité parmi ses adversaires qui la détestaient toutes cordialement pour son style agressif souvent à la limite de la régularité. En 1994, Canadiennes et Chinoises la surnommèrent "la patineuse la plus méchante du short-track".

Jean Grenier, ancien responsable du comité olympique canadien, fut la cheville ouvrière de l'admission du short-track aux JO. Toute la famille était derrière lui dans cette entreprise : son fils Louis fut en effet champion du monde en 1983 à Tokyo et sa fille Nathalie fut une bonne patineuse de short-track et de grande piste.

Championne des Etats-Unis à 17 ans, Cathy Turner arrête la compétition un an plus tard, épuisée, et devient chanteuse. Huit ans après, elle est de retour sur la glace et, en 1992, elle enlève la médaille d'or du 500 m aux JO d'Albertville. Elle conserve son titre en 1994 à Lillehammer. Une médaille d'argent en 1992 et de bronze en 1994 avec le relais américain complètent le palmarès de cette championne volontaire au style agressif.

Symbole de la domination olympique sud-coréenne en short-track avec sa compatriote Chun Lee-kyung. Il obtint la médaille d'or du 1000 m en 1992 à Albertville et la conserva en 1994 à Lillehammer, grâce à sa technique hors du commun et à son patinage offensif. Il eut le mérite de revenir au premier plan après avoir eu une artère ouverte par un patin. Il fut champion du monde en 1992.