Sommaire |La fiche | Le saviez-vous | L'exploit
Le fait | Cette année là | Anecdotes |


Helsinki 1952

L'esprit des jeux olympiques planes sur la Finlande

         L'olympisme a écrit l'une de ses plus belles pages à Helsinki. Une ferveur populaire sans précédent. Des compétitions de haut niveau. Un spectacle de premier choix. Une organisation et des installations parfaites.
         Pour ces Jeux de 1952, les organisateurs ont bénéficié des travaux entrepris dès 1938, quand la capitale finlandaise accepta de pallier le forfait de Tokyo, qui avait obtenu les Jeux de 1940. Mais la Seconde Guerre mondiale réduisit les efforts finlandais à néant.
         Politiquement le retour de l'Union soviétique, absente depuis la révolution bolchevique en 1917, est une habileté diplomatique du CIO.
         Exclue du Mouvement olympique vingt ans auparavant, la légende nationale, Paavo Nurmi, allume une première vasque et transmet la flamme au dernier relayeur, son compatriote Hannes Kolehmainen, autre vedette du fond.
         Cette olympiade marque le début d'une spectaculaire course aux médailles entre les deux "géants": Américains et Soviétiques.

Velléités sportives
         Même si la Guerre froide est dans tous les esprits, les velléités resteront sportives. Prudents, les Finlandais installent l'Union soviétique et ses pays satellites dans un village olympique à l'écart de l'officiel où sont regroupés les Occidentaux.
         D'un point de vue comptable, les Etats-Unis terminent premiers avec 76 médailles, dont 40 en or, alors que l'URSS obtient 71 podiums, dont 22 médailles d'or.
         Individuellement, si les Américains dominent l'athlétisme et la natation, la vedette est le Tchécoslovaque Emil Zatopek, vainqueur sur 5000 et 10.000 mètres ainsi que du marathon. Chez les nageurs, le 400 m nage libre revient au Français Jean Boiteux, dont le père, fou de joie, se précipite tout habillé dans la piscine.
         Par la grâce de tout un peuple, la trêve olympique est formidable. Les Finlandais offrent de véritables Jeux de l'harmonie.

 

       La ficheTop 

Dates : Du samedi 19 Juillet au dimanche 3 Août
Participants : 4925 (dont 518 femmes)
Participants français : 244 (dont 31 femmes)
Nations : 69
Sports : 17
Epreuves disputées : 149
Médailles distribuées : 459
Palmarès français : 18 médailles (6 or, 6 argent, 6 bronze)
Ouverture proclamée par : Juho Kusti Paasikivi, président de la République finlandaise
Dernier relayeur de la flamme : Paavo Nurmi (Finlande - Athlétisme)
Serment olympique prêté par : Heikki Savolainen (Finlande- Gymnastique)
Président du CIO : Sigfried Edstroem (Suède)
Journalistes : 1848



   Le saviez-vousTop 

        Substitution : En 1938, le CIO décide de confier l'organisation des Jeux à la Finlande, pour pallier la défection du Japon.

        Intendance : L'Argentine, le Brésil, la France, la Suisse et la Suède ont amené leur propre cuisinier.

        Parité : Les Etats-Unis et l'URSS amènent chacun 333 représentants.

        Porte-drapeau : Pour la première fois, une femme est porte-drapeau de sa délégation. Il s'agit de l'Uruguayenne Estrella Puentes.

        Complet : Le programme masculin en athlétisme présente son visage actuel avec 24 épreuves.

        Retour : L'Union soviétique participe pour la première fois au JO sous l'appellation URSS. L'Israël fait sa première apparition.

        Grisaille : Pendant toute la durée des Jeux, le temps est maussade et pluvieux.

        Pied de nez : Le Finlandais Paavo Nurmi est choisi pour pénétrer dans le stade olympique, à l'invitation du Comité d'organisation. Le champion finlandais avait été exclu juste avant le début des Jeux de Los Angeles, vingt ans plus tôt par le CIO qui l'avait accusé de professionnalisme.

        Passation de pouvoir : A l'issue des Jeux le 3 août, le Suédois Sigfried Edstroem transmet ses pouvoirs à son successeur l'Américain Avery Brundage.

        Gymnastique : La gymnastique féminine apparait avec le concours individuel, les barres asymétriques, le saut de cheval, la poutre et le sol.

        Epouse : Dana Zatopek, l'épouse du coureur Emil Zatopek, vainqueur du 5000 m, du 10.000m et du marathon, remporte la médaille d'or au javelot.

        Arrivées : La Côte dorée (le futur Ghana), le Guatemala, le Nigeria, la Thaïlande et le Vietnam participent pour la première fois aux Jeux.

        Démonstration : Deux sports figurent au programme en démonstration: le base-ball finlandais et le rugby-football. Ce dernier sera finalement remplacé par le basket-ball.

        Athlétisme : Le programme masculin de l'athlétisme prend sa forme actuelle avec l'introduction de la 24e épreuve, le 20 km marche.



      L'exploitTop 

Zatopek : la locomotive au train d'enfer
         Emil Zatopek arrive à Helsinki avec une solide réputation, qui en fait l'un des grands favoris des épreuves de fond. Il va en repartir en véritable héros, avec trois titres (5000, 10.000 et marathon), exploit unique au cours d'une même olympiade.
         Le 20 juillet, le Tchécoslovaque, après son titre sur 10.000 et sa médaille d'argent sur 5000 m quatre ans auparavant à Londres, entame sa moisson en conservant son titre sur 10.000 m. Avec une étonnante facilité, il s'impose avec plus de 15 secondes (environ 100 mètres) d'avance sur son dauphin, Alain Mimoun, établissant un nouveau record olympique (29'17"00).
         Deux jours plus tard, on prend les mêmes et on recommence. Zatopek et Mimoun s'alignent sur le 5000. Là encore, Zatopek s'impose avec un nouveau record olympique (14'06"6) devançant Alain Mimoun de seulement 8/10e, auteur d'un beau retour dans le dernier tour. Quelques heures après la course, Zatopek se félicite de la victoire de sa femme Dana au javelot, qui établit également un record olympique (50,47 m).

Visage meurtri.
         A chaque fois les observateurs sont surpris, la "locomotive" donne l'impression de souffrir le martyr. Tête penchée, langue pendante, rictus, tous les signes de fatigue sont présents sur son visage. Lui prétend qu'il s'agit d'une représentation extérieure de l'effort produit et non une manifestation de souffrance. Il faut dire que le lieutenant de l'armée tchécoslovaque a mis au point une méthode d'entraînement minutieuse, comme l'avait fait avant lui le Finlandais Paavo Nurmi, basée sur une trentaine de kilomètres par jour entrecoupée de sprints et de séances de musculation.
Reste le marathon. Ce sera son apogée.

Coup d'essai, coup de maître.
         Parti pour la première fois sur une telle distance -au moins en course officielle- Zatopek se porte en tête vers la mi-course, faussant compagnie aux deux athlètes qui ont réussi à suivre son rythme. Il s'envole alors vers une victoire extraordinaire en 2 h 23 min 03 sec 2. Preuve de son aisance pendant la course, il salue la foule, discute avec les spectateurs massés sur les côtés.
         Dès la ligne franchie, il est porté en triomphe par les relayeurs du 4x400 jamaïcain et signe de nombreux autographes. Lorsque son dauphin, l'Argentin Reinaldo Gorno, passe la ligne, avec 2 minutes et 32 secondes de retard, Zatopek l'accueille avec des oranges.
         Grâce à cette semaine finlandaise, Zatopek, âgé de 29 ans au moment des Jeux de Helsinki, est entré dans l'éternité olympique.



      Le faitTop 

L'URSS est de retour.
         1912: La Russie participe aux Jeux de Stockholm. 1952: les athlètes russes reviennent aux JO mais sous la bannière élargie de l'URSS. Ce retour est, en grande partie, dû à une habileté diplomatique du CIO et à une volonté de la Finlande, qui a l'intention de faire de ce rendez-vous olympique une vraie fête mondiale de l'humanisme.
         En 1917, la révolution bolchevique embrase le pays, qui est mis à l'écart par la communauté internationale. L'Union soviétique sera absente des Jeux jusqu'en 1952.
         Ce retour en pleine Guerre froide va être une occasion de créer une émulation à l'intérieur même de l'événement sportif. Les Etats-Unis et l'Union soviétique vont dorénavant se livrer à une bataille des podiums. Les exploits et les résultats des sportifs nationaux serviront bien souvent de propagande aux dirigeants politiques des pays.

Villages olympiques séparés.
         A Helsinki, les organisateurs, prévoyants, séparent Américains et Soviétiques, qui seront hébergés dans deux villages différents. Les délégations de l'URSS et de ses pays satellites sont installées au bord de la Baltique, au village d'Otaniemi qui comprend trois groupes d'immeubles, conçus pour 1200 concurrents.
         La plupart des démocraties occidentales se retrouvent au village olympique de Kapylae, édifié sur une surface de 200.000 m² et constitué de quatorze bâtiments pouvant recevoir 4800 athlètes.
         Sur le terrain, et d'un point de vue strictement comptable, le duel est-ouest va tourner à l'avantage des Américains qui remportent un total de 76 médailles dont 40 en or. Dans le même temps, les Soviétiques remportent 71 médailles dont 22 d'or.
         Helsinki marque donc un tournant dans l'olympisme avec le début de la rivalité est-ouest. Dénuée de toute arrière-pensée idéologique, cette émulation aurait pu être parfaite. Malheureusement, la politique prendra bien souvent le dessus sur le sport, gâchant quelque peu l'esprit olympique.


 
Cette année làTop

        Grande-Bretagne : La Reine Elisabeth accède au trône d'Angleterre après la mort de son père, George VI, le 6 février.

        Océan : Le Français Alain Bombard quitte les îles Canaries, en mai, pour une traversée en solitaire de l'Atlantique sur un bateau pneumatique se nourissant uniquement des produits de la mer.

        Informatique : IBM lance son premier ordinateur "IBM-701".

        Egypte : Après un coup d'Etat, le Roi Faruk abandonne son pays le 23 juillet.

        Argentine : Le 26 juillet, l'Argentine pleure la mort d'Eva Peron. Agée de 33 ans, elle succombe d'une leucémie.

        Littérature : L'Américain Ernest Hemingway publie "Le vieil homme et la mer".

        Jordanie : Le parlement jordanien dépose le Roi Talal le 11 août. Son fils Hussein, âgé de 16 ans, lui succède.

        Etats-Unis : Le général Dwight Eisenhower est élu président des Etats-Unis le 4 novembre.

        Tchécoslovaquie : Quatorze dirigeants tchécoslovaques sont victimes d'une purge stalinienne. Onze seront condamnés à mort le 3 décembre. Trois, parmi lesquels Arthur London, seront condamnés à la prison à perpétuité.

        Nobel : Le Suisse Albert Schweitzer reçoit le prix Nobel de la paix pour son travail en Afrique.

 
 

      AnecdotesTop

        Longévité : Le gymnaste finlandais Heikki Savolainen, qui prête le serment olympique, remporte une médaille de bronze par équipes, 24 ans après sa première médaille olympique, une troisième place au cheval d'arçons à Amsterdam. En 1932 et en 1936, il glane 5 nouvelles médailles (1 d'argent et quatre de bronze).

        Seigneur : Le révérend américain Bob Richards, qui remporte le concours à la perche, confie plein d'humour: "Je suis le seul prêtre au monde qui tente d'aller au ciel par mes propres moyens..."

        Course pousuite : En boxe, la finale des lourds est insolite. Le Suédois Ingemar Johansson, impressionné par son adversaire l'Américain Edward Sanders, très facile vainqueur de ses premiers combats, préfère fuir en passant son temps à courir. Il est disqualifié, pour manque de combativité, et ne reçoit pas la médaille d'argent. Paradoxalement, le "courageux" Suédois fera la plus belle carrière professionnelle des deux, en devenant champion du monde en 1959. Il devra attendre 1982 pour recevoir sa médaille olympique.

        Plongeon : A 19 ans, Jean Boiteux remporte le 400 mètres nage libre en améliorant le record olympique. Son père, Gaston, fou de joie, béret basque vissé sur la tête, se jette dans le bassin à la surprise des officiels et provoque l'hilarité générale dans les tribunes. Ces clichés d'émotion familiale feront partie de la légende olympique.

        Retour : En raison de la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne n'avait pas été conviée aux Jeux de Londres en 1948. En Finlande, l'Allemagne se présente unie sans distinguer les parties ouest et est, bien qu'aucun athlète de l'est ne soit présent. Par contre, la Sarre, Comité olympique reconnu par le CIO cette même année, est représentée par 31 athlètes. La région allemande ne remporte aucune médaille et son Comité olympique sera dissous en 1956 avant les Jeux de Melbourne.

        Un ange passe : Lors de la cérémonie d'ouverture, une femme vêtue d'une longue robe blanche quitte la tribune pour se précipiter vers le podium. La jeune Allemande, Barbara Rotbraut-Pleyer, voulait lire un message de paix. Elle en sera empêchée au pied du podium par le membre finlandais du CIO et responsable des Jeux, Eric von Frenckell.

        Polémique : La nageuse Monique Berlioux, meilleure spécialiste française du dos, n'est pas sélectionnée. Pour justifier cette absence, le président de la Fédération, M. Lemoine, explique qu'il faut laisser la place aux jeunes et que Monique Berlioux, à 28 ans, est "trop vieille". Pourtant aucune nageuse n'est sélectionnée à sa place. En fait, il semblerait que les responsables n'ont pas apprécié le goût du spectacle de la jeune femme, qui tente d'implanter les ballets nautiques en France et la nage en grand fond. Plus tard, Monique Berlioux occupera des fonctions au sein du CIO et sera l'auteur de nombreux ouvrages sur l'olympisme.

 Top