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Londres 1908

 

L'olympisme prend une nouvelle dimension


         L'image des Jeux est restaurée dans l'enceinte de White City (70.000 places debout environ), à Londres (27 avril au 31 octobre 1908), en marge de l'exposition franco-britannique commémorant l'Entente Cordiale. Cette olympiade permet aux Jeux de prendre une nouvelle dimension.
         Lors du premier défilé officiel, le 13 juillet en présence de la famille royale, quelque 2000 athlètes représentent 22 pays. Pourtant les Jeux n'auraient pas dû se dérouler au bord de la Tamise mais sur les rives du Tibre à Rome. En 1906, la capitale italienne, qui avait obtenu l'organisation de l'événement à la plus grande joie du baron de Coubertin, s'est retirée sans donner de véritables explications. La Grande-Bretagne s'est alors proposée et a organisé la compétition en deux ans.

Razzia britannique.
         Sur le plan des résultats, les Américains, conduits par le roi du demi-fond Mel Sheppard, exercent leur suprématie sur l'athlétisme. Mais à domicile, les Britanniques remportent l'essentiel des médailles distribuées dans les 20 sports: 143 (dont 55 en or), contre 47 aux Américains.

Mouvement reconnu et apprécié.
         Si ces Jeux de Londres sont une réussite, malgré un temps pluvieux quasi permanent, l'absence de fair-play de certains commissaires anglais ternit l'esprit. Une fois encore, le marathon est l'objet d'un scandale: le vainqueur, l'Italien Dorando Pietri est disqualifié par des juges qui, quelques minutes auparavant, l'avaient aidé à terminer.
         Cette arrivée mouvementée fait la une de la presse. Grâce au marathon, qui, entre le château de Windsor et le stade de White City, se dispute sur sa distance définitive (42,195 km), mais aussi grâce à la bonne organisation et à un véritable intérêt sportif -nombre suffisants d'épreuves et d'athlètes-, l'olympisme devient un mouvement reconnu et apprécié.

 


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Dates : Du lundi 27 avril au samedi 31 octobre
Villes candidates : Berlin, Milan, Rome
Participants : 2035 (36 femmes)
Participants français : 202 (aucune femme)
Nations : 22
Sports : 20
Epreuves : 107
Palmarès français : 19 médailles (5 Or, 5 Argent, 9 Bronze)
Ouverture par : Edouard VII, roi d'Angleterre
Président du CIO : Pierre de Coubertin (France)



  Le saviez-vousTop

        Jeux d'été et d'automne : Les Jeux se sont déroulés en deux parties: des jeux d'été avec entre autres les sports individuels et des jeux d'automne avec le patinage, la boxe et les sports collectifs.

        Remplaçant : Rome avait été désignée pour accueillir les JO. En 1906, la capitale italienne déclare subitement forfait. La Grande-Bretagne accepte immédiatement d'accueillir l'événement à Londres.

        Or, argent et bronze : Pour la première fois, les trois premiers sont récompensés par des médailles.

        Duché : La Russie accepte la participation d'une délégation finlandaise indépendante à condition que cette dernière défile sous le drapeau russe. La Finlande sera jusqu'en 1917 un Grand Duché de l'Empire russe.

        Deux en un : La Nouvelle-Zélande et l'Australie se présentent sous la même bannière: l'Australasie. Il en sera de même à Stockholm en 1912.

        Triplé : L'Américain John Flanagan est champion olympique du lancer du marteau pour la troisième fois consécutive. Il s'agit du premier triplé.

        Affluence : Deux millions de spectateurs suivent le marathon, couru pour la première fois sous sa véritable distance (42,195 km) entre le château de Windsor et le stade de White City.

        Serré : Les Américains Edward Cooke et Alfred Gilbert se partagent la médaille d'or à la perche. Après un saut de 3,71 m, les juges refusent de les départager en leur accordant des essais supplémentaires.

        Deuil : Le 20 juillet, alors que les épreuves d'athlétisme battent leur plein, le Grec Demetrius Vikelas, premier président du CIO (1894-1896), décède à Athènes. Les Jeux ne seront pas endeuillés pour autant par cette disparition car la nouvelle ne parviendra aux membres du CIO qu'après l'événement.



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Ray Ewry, "L'homme caoutchouc".
         Pour se constituer son phénomènal palmarès olympique (huit médailles d'or), l'Américain Raymond Ewry a su forcer le destin.
         Victime de la polio à 12 ans, il ne quitte son fauteuil roulant que dix ans avant ses premiers exploits olympiques en 1900.
         A Paris, "l'homme caoutchouc" remporte les trois disciplines auxquelles il prend part, le tout en une seule journée. Le 16 juillet, il s'impose à la hauteur sans élan ainsi qu'à la longueur sans élan et au triple saut sans élan.
         En hauteur, il améliore sa meilleure performance, également record du monde, de deux centimètres avec un saut de 1,65 mètre. Pour situer la performance d'Ewry, le Français Louis Monnier se classe septième avec un bond inférieur de 5 centimètres en hauteur... avec élan.

Sans élan, avec allant.
         En longueur, son saut (3,21 mètres) lui permet de s'imposer, devant notamment un Français Emile Torcheboeuf (3e). Enfin en triple saut, la marge sur son dauphin est de 63 centimètres. Enorme.
         L'olympiade suivante à Saint Louis, la motivation est toujours intacte et le résultat identique. Il débute sa moisson par la longueur sans élan établissant un nouveau record du monde (3,47 mètres), le 29 août, puis enchaîne deux jours plus tard avec la hauteur sans élan. Chez lui, il conclut le 3 septembre son second triplé avec une victoire en triple saut sans élan.
         Seul le retrait du triple saut sans élan du programme des Jeux londoniens de 1908 l'empêche de réussir trois triplés historiques. Le 20 juillet, il remporte la longueur sans élan et, trois jours après, il achève son oeuvre avec un saut de 1,57 mètre en hauteur sans élan.
         Si on ajoute, à ce déjà extraordinaire palmarès, deux titres (hauteur et longueur sans élan) lors des Jeux intercalaires de 1906, on tient sans doute l'un des plus grands sportifs de l'olympisme moderne.



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Les juges anglais s'arrangent avec le fair-play.
         Les Jeux de 1908 ont de l'aveu de tous été les mieux organisés et les plus compétitifs depuis ceux de la renaissance en 1896, restaurant ainsi l'image de l'olympisme, mise à mal à Paris et à Saint Louis. Mais le fair-play, pourtant si cher aux Anglais, n'a pas été la qualité première des juges.
         Malgré une coutume olympique, qui consiste à composer un jury international, les organisateurs choisirent de former un jury exclusivement anglais provoquant ainsi plusieurs incidents regrettables pour l'esprit olympique.
         Ainsi en gymnastique, la cinquième place de la France est jugée "injuste" et émeut même le Times qui voyait les Français mieux placés. En cyclisme lors du sprint, le Français Maurice Schilles remporte l'épreuve devant trois Britanniques. Aussitôt le jury déclare la course nulle sans donner d'explications. Devant la protestation du CIO, il se justifie péniblement en évoquant un dépassement de temps du vainqueur de 2/5e de seconde.

Embarras royal.
         En athlétisme, le vainqueur du 400 m plat, l'Américain John Carpenter, est accusé d'avoir gêné le Britannique Wyndham Halswelle. Les juges décident de faire recourir la course deux jours plus tard tout en disqualifiant Carpenter. Les deux autres concurrents, également Américains, décident de ne pas participer à cette épreuve par solidarité avec Carpenter. Halswelle prend donc le départ seul... et gagne.
         Enfin le marathon provoque de nouvelles discussions. L'Italien Dorando Pietri est en tête à 100 mètres de l'arrivée. Il s'effondre. Les juges l'aident à se relever et à franchir la ligne. Le deuxième, un Américain de 19 ans, John Hayes, porte réclamation et les juges disqualifient l'Italien, qui est transporté d'urgence à l'hôpital.
         Mais pour sauver l'esprit olympique et peut-être également excuser l'impartialité de certains juges, la Reine Alexandra, émue par le spectacle de Dorando la veille, offre au malheureux un trophée en or et ces quelques mots. "Voici une coupe d'or, j'espère que vous ne rapporterez pas que de mauvais souvenirs de notre pays".


 
Cette année làTop 

        Boxe : Jack Johnson est le premier boxeur noir à s'emparer d'un titre de champion du monde.

        Aviation : Les Français Henri Farman et Léon Delagrange réalisent le 21 mars le premier vol avec passagers à Paris.

        Femmes : Quelque 25.000 "suffragettes" manifestent le 21 juin à Hyde Park (Londres) pour demander le droit de vote aux femmes.

        Automobile : Le premier modèle T Ford, surnommé "Lizzie", sort des usines de Henry Ford le 12 août.

        Balkans : L'Empire Austro-Hongrois, qui occupe la Bosnie Herzégovine depuis 1878, l'annexe le 5 octobre.

        Chine : Puyi, le dernier Empereur de Chine, accède au trône à l'âge de trois ans le 13 novembre.

        Catastrophe : La cité sicilienne de Messine est totalement détruite par un tremblement de terre le 28 décembre. Bilan: 84.000 morts.



           AnecdotesTop 

        Défilé : Le 13 juillet, dans l'enceinte de White City à Londres, les 70.000 spectateurs assistent au premier défilé olympique des 22 nations participantes devant la famille royale. Lors de cette cérémonie d'ouverture non officielle, les Finlandais et les Irlandais n'ont pas de drapeaux. Les Russes et les Anglais, qui s'opposent respectivement à l'autonomie de ces deux pays, ont refusé catégoriquement la présence des deux drapeaux.

        Le mètre règne : Après des tergiversations infinies, les Anglais renoncent aux yards et adoptent le système métrique. Les Anglais voient dans cette décision un désavantage pour leurs athlètes puisqu'il ne s'agira plus, par exemple, de courir 100 yards mais 109,3 (100 m)...

        Victoire en solitaire : En athlétisme, le vainqueur du 400 m, l'Américain John Carpenter, est accusé d'avoir gêné le Britannique Wyndham Halswelle. Les juges décident de faire recourir la course deux jours plus tard tout en disqualifiant Carpenter. Les deux autres concurrents, également Américains, décident de ne pas participer à cette épreuve par solidarité avec Carpenter. Halswelle prend donc le départ seul... et gagne.

        Marathon dramatique : L'Italien Dorando Pietri est en tête du marathon à 100 mètres de l'arrivée. Il s'effondre. Les juges l'aident à se relever et à passer la ligne. Le deuxième, un Américain de 19 ans, John Hayes, porte réclamation et les juges disqualifient l'Italien. Transporté d'urgence à l'hôpital après la course, Dorando reste de longues heures entre la vie et la mort. Quatre mois après les Jeux, une revanche entre les deux hommes est organisée. L'Italien devancera son adversaire de quarante-cinq secondes.

        Tel père, tel fils : Le Suédois Oscar Swahn et son fils Alfred remportent ensemble une médaille d'or en tir par équipes. Agé de 60 ans à Londres, Oscar va remporter 3 médailles d'or, 1 d'argent et 2 de bronze jusqu'à sa fin de carrière... à 72 ans.

        De la glace en été : Le patinage sur glace est inscrit au programme officiel des Jeux. Il sera également présent aux Jeux d'Anvers en 1920 avant d'intégrer définitivement les Jeux d'hiver, les premiers, en 1924 à Chamonix.

        Emue : La Reine Alexandra, émue par le marathonien italien Dorando Pietri, disqualifié pour avoir été aidé à 100 mètres de l'arrivée par les juges, lui remettra malgré tout, une Coupe en or le lendemain lors de la cérémonie de clôture.

        Conan Doyle : Le père de Sherlock Holmes, Arthur Conan Doyle, fait partie des juges qui vont aider le pauvre Dorando Pietri et ainsi précipiter sa perte en le disqualifiant plus tard. L'enquête portant sur la disqualification de l'Italien a été rapidement menée... Elémentaire...

        Partialité : Tous les juges qui officient à Londres sont Anglais ce qui n'est pas sans poser quelques problèmes de fair-play. Ainsi en gymnastique, la cinquième place de la France est jugée "injuste" et émeut même le Times qui voyait les Français mieux placés. En cyclisme, un Français, Maurice Schilles, remporte l'épreuve du sprint devant trois Britanniques. Pourtant, la course est annulée par le jury qui ne donne aucune explication. Devant la protestation du CIO, il se justifie péniblement en évoquant un dépassement de temps du vainqueur de 2/5e de seconde par rapport au temps imparti (1 min 45/100e).

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