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Londres 1948

Les jeux de l'austérité

         Après la Seconde Guerre mondiale, les Jeux de Londres, fortement touchés par les bombardements, n'échappent pas à l'austérité régnant dans toute l'Europe.
         La capitale anglaise obtient l'organisation des Jeux malgré l'opposition de certains politiciens locaux et d'une partie de la presse, qui estiment que l'heure est surtout à la reconstruction.
         A la demande de plusieurs pays, les Allemands ne sont pas conviés par le CIO, tandis que les Japonais, pourtant invités, ne se déplacent pas. L'Italie, quant à elle, est présente.
         L'Union soviétique maintient sa décision de ne pas participer aux JO, politique suivie depuis 1917, contrairement à ses pays satellites.

Pas d'épreuves le dimanche.
         Aucune innovation importante n'est intégrée dans le protocole, à l'exception du choix de ne pas disputer d'épreuves le dimanche.
         Introduite à Berlin, la télévision poursuit son développement. Malgré un taux de pénétration très faible, la BBC paie 3000 dollars pour les droits de retransmission.
         Pour la première fois les femmes sont à l'honneur. Une Néerlandaise de 30 ans, Fanny Blankers-Koen, mère de trois enfants, devient la première athlète à s'adjuger quatre médailles d'or dans les mêmes Jeux (100 m, 200 m, 80 m haies et relais 4 x 100).
         La Française Micheline Ostermeyer, une pianiste-concertiste, remporte deux titres, au disque et au poids, de même que l'Américaine Alice Coachman (hauteur et longueur) la première femme de couleur championne olympique.
         Son compatriote Bob Mathias remporte son premier titre olympique en décathlon à 17 ans. Le Tchécoslovaque Emil Zatopek, vainqueur du 10.000 mètres et médaillé d'argent sur 5000, se prépare à une carrière lumineuse. Sa compatriote, la gymnaste Marie Provaznikova est la première athlète à passer à l'Ouest, mais pas la dernière.



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Dates : Du jeudi 29 juillet au samedi 14 août
Villes candidates : Baltimore, Lausanne, Los Angeles, Minneapolis, Philadelphie
Participants : 4099 (dont 385 femmes)
Participants français : 285 (36 femmes)
Nations : 59
Sports : 17
Epreuves : 136
Médailles distribuées : 413
Palmarès français : 29 médailles (10 or, 6 argent, 13 bronze)
Ouverture prononcée par : Georges VI, Roi d'Angleterre
Dernier porteur de la flamme : John Mark (athlétisme)
Flamme allumée par : John Mark (athlétisme)
Serment olympique prêté par : Commandant Donald Finlay (athlétisme)
Président du CIO : Sigfried Edtroem (Suèdois)
Droits télévision : 1000 guinées (3000 dollars)
Journalistes : 1364



      Le saviez-vousTop 

        Bienvenue : La Birmanie, Ceylan, la Corée, la Guyane britannique (la future Guyane), le Liban, le Pakistan, Singapour, la Syrie, Trinidad et Tobago et le Venezuela participent pour la première fois aux Jeux.

        Seigneur : Pour la première fois les organisateurs décident de ne pas disputer d'épreuves le dimanche.

        Aide : Certains pays participants contribuent à l'organisation des Jeux. L'Argentine offre deux tapis pour la lutte libre et la Finlande 50 tonnes de bois.

        Conséquence : L'Allemagne, le Japon et la Russie sont absents à Londres. Il s'agit d'une conséquence de la guerre.

        Tranformation : La patinoire, habituellement réservée au hockey sur glace, est transformée en piscine olympique.

        Spectateurs : 1.247.283 billets sont vendus.

        Championne : L'Américaine Alice Coachman (Hauteur et longueur) est la première femme de couleur championne olympique.

        Hébergement : Le village olympique accueille 1650 personnes. Le rapport officiel fait état de la mauvaise qualité de la nourriture qui y est servie.

        Télévision : La BBC paie 3000 dollars les droits de retransmettre la compétition (64 heures de programmes pour quelque 500.000 téléspectateurs dans un rayon de 80 kilomètres autour de Londres).

        Limitation : Les femmes ne peuvent pas participer à plus de trois épreuves individuelles.

        Bilan : Les Etats-Unis terminent en tête au classement des médailles (84 médailles dont 38 or), devant la Suède (46 dont 17 en or) et la France (34 dont 11 en or).

        Partage : Le CIO exige des organisateurs la somme de 5000 livres et 50 % des bénéfices.

        Démonstration : Le lacrosse et la gymnastique suédoise sont les sports de démonstration.

        Première : Le Péruvien Edwin Vazquez Cam, au tir libre avec pistolet, offre à son pays sa première médaille d'or.

        Longévité : La Hongroise Ilona Elek gagne le fleuret individuel pour la seconde fois, 12 ans après sa victoire à Berlin.



      L'exploitTop 

Le récital londonien d'Ostermeyer.
         Micheline Ostermeyer a une passion: la musique, et un loisir: l'athlétisme. Aussi comme il lui avait été difficile de faire un choix, elle préféra tout simplement réussir dans les deux, devenant simultanément une championne olympique sur la piste et une pianiste réputée sur la scène.
         En arrivant à Londres, la jeune femme, qui a grandi en Tunisie, vient de remporter son quatrième titre consécutif de championne de France au poids, agrémenté des titres en hauteur et sur 60 mètres l'année des Jeux. Pour le plaisir, elle s'inscrit également au disque et termine troisième sans aucun entraînement.
         Flairant le potentiel de cette jeune femme grande (1,79 m) et solide (73 kg), les dirigeants de l'athlétisme français lui apprennent les rudiments techniques du lancer du disque quinze jours avant le début des Jeux.
         L'épreuve a lieu le premier jour. Très vite la championne de France, Paulette Veste, est éliminée. Seules restent en lice pour la France, Micheline Ostermeyer et Jacqueline Mazéas. A sa dernière tentative, l'Italienne Edera Cordiale-Gentile, grande favorite, lance le disque à 41,17 mètres, loin.

Titres et records.
         La jeune Ostermeyer sait qu'elle doit aller beaucoup plus loin que sa meilleure performance pour obtenir l'or. Elle tente le tout pour le tout et l'engin atterrit 41,92 mètres plus loin, titre olympique et nouveau record de France. Sa compatriote monte sur la troisième marche du podium.
         Quelques jours plus tard et pour la première fois aux Jeux se déroule le poids, sa spécialité. Celle qui fut deux ans auparavant premier prix du conservatoire de Paris au piano prend la tête du concours dès son premier jet (13,75 m). Elle y reste jusqu'à la fin remportant son second titre olympique sous les applaudissements des 30.000 spectateurs.
         Le 7 août, Micheline Ostermeyer passe 1,61 mètre en hauteur et égale le record de France pour la troisième fois grâce à la technique du rouleau californien (barre franchie sur le côté et jambe identique pour l'appel et la réception). Ce saut lui vaut une très honorable médaille de bronze.
         Son récital terminé, la Française disparaît discrètement de la scène sportive pour se consacrer à la musique.



      Le fait Top

La Guerre désarmée face à l'olympisme.
         Après une interruption de 12 ans et un conflit, qui a fait des millions de morts et laissé une Europe exsangue, les jeux Olympiques renaissent grâce à l'enthousiasme de quelques membres du CIO, prouvant que le projet de Pierre de Coubertin a atteint sa maturité.
         Mais depuis les Jeux de Berlin, le mouvement olympique a connu un double deuil avec les décès de son fondateur, le Baron de Coubertin, en 1937, et de son successeur à la tête du CIO, le comte belge Henri Baillet-Latour, en 1942.
         L'armistice, à peine signée, le président intérimaire, le Suédois Sigfried Edstroem, décide de réunir la commission exécutive du CIO.
         Londres est désignée par un vote postal en février 1946 devant Lausanne et quatre villes américaines, Baltimore, Los Angeles, Minneapolis et Philadelphie.

Ville en pleine reconstruction.
         Le Comité d'organisation est présidé par Lord Burghley, champion olympique du 400 m haies en 1924 et médaillé d'argent en 1928.
         Lord Burghley sait que sa tâche ne sera pas aisée dans un pays et une ville en pleine reconstruction où les biens de consommation sont rationnés.
         Mais un an avant l'événement il se montre confiant: "Il serait vain de suggérer que le chemin qu'il reste à parcourir sera facile. Au contraire, les difficultés ont été nombreuses et le seront encore. Après une telle guerre il est tout à fait normal qu'elles le soient. Mais nous surmontons les obstacles avec le même esprit de détermination qui nous anime depuis quelques années".

Nourriture dans les bagages.
         Pourtant dans le milieu politique et la presse, quelques voix s'élèvent pour s'interroger sur l'opportunité d'organiser en Grande-Bretagne une grande fête sportive alors que le pays est à reconstruire.
         Pour pallier à des éventuelles problèmes de ravitaillements, certaines délégations viendront avec leurs propres provisions. Ainsi les Etats-Unis amènent 24 tonnes de boeuf, 6 tonnes de veau, 6 de porc, 6 d'agneau, 36 tonnes de fromage, 12 tonnes de sucre et 25.000 tablettes de chocolat.
         Malgré toutes ces difficultés, les Jeux seront un succès financier puisque le coût de ses JO austères est de 400.000 livres, alors que les recettes s'élèvent à 500.000 livres.
         Environ 4000 participants se rendent à Londres, soit un tout petit peu plus qu'à Berlin, venus de 59 pays, 10 de plus qu'en 1936. Preuve que les tragédies de l'Histoire n'arrêteront plus l'olympisme.


 
Cette année làTop 

        GATT : Le 1er janvier, l'Accord général sur le commerce et les tarifs (GATT) entre en application.

        Inde : Le 30 janvier le Mahatma Gandhi, père de l'indépendance de l'Inde, est assassiné.

        Communistes : Les communistes, qui forment avec plusieurs partis "bourgeois" une coalition, et les socio-démocrates prennent le pouvoir par la force à Prague.

        Radio : Des ingénieurs de l'entreprise Bell inventent le transistor.

        Israël : David Ben Gourion proclame l'état d'Israël le 14 mai. Les militaires arabes entrent en guerre contre le nouvel état. Israël sort vainqueur et voit son territoire s'agrandir.

        Berlin : Les Soviétiques décident le blocus du secteur ouest de Berlin, le 23 juin. Le 26, les Occidentaux établissent un pont aérien.

        Yougoslavie : Le 4 juillet, la Yougoslavie de Tito rompt avec l'URSS qui l'accuse de déviationnisme.

        Pacifique : Le Norvégien Thor Heyerdahl et cinq compagnons terminent la traversée du Pacifique sur Kon-Tiki, un navire en bois.

        Etats-Unis : La "Commission des activités anti-américaines" du congrès américain commence ses activités en août.

        Droits : L'Assemblée générale des Nations Unis adopte le 10 décembre la Déclaration universelle des droits de l'Homme.



      AnecdotesTop 

        Légende : C'est à Londres que le Tchécoslovaque Emil Zatopek commence à construire sa légende en remportant l'or sur 10.000 mètres et l'argent sur 5000.

        Ouest : Marie Provaznikova, chef de file des gymnastes tchécoslovaques, qui obtiennent la médailles d'or par équipes, est la première athlète à quitter les jeux Olympiques pour passer à l'ouest. Elle explique son refus de regagner son pays par "l'absence de liberté d'expression, de la presse et de réunion" après la coup d'état de Prague en février.

        Record : La Néerlandaise Fanny Blankers-Koen, 30 ans, mère de trois enfants, réalise l'exploit de gagner quatre médailles d'or en athlétisme lors de la même olympiade (100 m, 200 m, 80 m haies et relais 4 x 100 m). A son retour à Amsterdam, ses voisins lui offrent une bicyclette "pour qu'elle n'ait plus à courir autant".

        Drame : Le marathonien belge Etienne Gailly pénètre dans le stade en tête mais totalement exténué. Malgré les encouragements du public, Gailly titube et laisse passer l'Argentin Delfo Cabrera et le Britannique Thomas Richards. Les officiels, qui se souviennent de la polémique qui avait suivi la disqualification de Dorando Pietri en 1908 lorsque les juges avaient aidé puis disqualifié l'Italien, ne veulent pas intervenir. Le dernier tour du Belge est un vrai calvaire et lorsqu'il franchit enfin la ligne en troisième position, les 80.000 spectateurs sont soulagés.

        Incompétence : Sur le 10.000 mètres, les officiels font sonner la cloche, qui annonce le dernier tour, un tour trop tôt. Le Tchécoslovaque Emil Zatopek, qui est en tête, ne s'en soucie guère et effectue la distance règlementaire.

        Incompétence (2) : Oubliant certainement l'échelle de notation (de 1 à 10) en vigueur, un juge des épreuves de gymnastique donne un excellent 13,1 à un concurrent.

        Provision : A cause du rationnement mis en place à la fin de la guerre en Grande-Bretagne, la délégation américaine amène dans ses bagages 24 tonnes de boeuf, 6 tonnes de veau, 6 de porc, 6 d'agneau, 36 tonnes de fromage, 12 tonnes de sucre et 25.000 tablettes de chocolat.

        Naturiste : Peu avant le départ de l'une des séries du 100 m dos, un nageur pakistanais ôte son peignoir et s'aperçoit qu'il a oublié... son maillot de bain. Afin de cacher sa nudité, il plonge dans l'eau. Mais les juges le disqualifient, ce qui est plutôt logique s'agissant d'une épreuve sur le dos.

        Argentin : Au moment de la pesée, un haltérophile argentin dépasse de 67 grammes la limite fixée dans sa catégorie. Ses dirigeants décident de lui raser la tête et de vérifier la balance. Bien leur en prit. il y avait une erreur de 9 grammes sur la balance. La rectification et les cheveux en moins ont permis à l'Argentin de faire le poids.

        Piano : La Française Micheline Ostermeyer, qui remporte deux médailles d'or, au poids et au disque, et une de bronze à la hauteur, est par ailleurs une pianiste de talent, premier prix du Conservatoire de Paris.

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