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Paris 1924

Les jeux du rachat

         Après les difficultés rencontrées lors de la précédente édition parisienne, en 1900, la baron Pierre de Coubertin milite en faveur de la candidature de Paris. Son voeu sera exaucé.
         La désignation de la capitale française ne s'est pas faite sans discussions. Le souvenir du rendez-vous de 1900 a refroidi bien des membres du CIO qui penchent plutôt pour Amsterdam ou Los Angeles.
         A 61 ans, le Baron vit ses derniers JO à la tête du CIO, qu'il quitte l'année suivante pour la céder au Comte belge Henri de Baillet-Latour.
         Un événement majeur marque cette olympiade: le CIO décide de créer des Jeux d'hiver à partir de 1924 et Chamonix devient le site des premiers Jeux d'hiver.

Tarzan prend date.
         Paris offre aux quelque 3000 athlètes venus de 44 pays des installations fonctionnelles dont le premier village olympique, un stade de 60.000 places, à Colombes, et la première véritable piscine olympique, celle des Tourelles, Porte des Lilas.
         Avec 99 médailles, dont 45 d'or, les Américains sortent grands vainqueurs. Mais l'exploit de ces Jeux est accompli par un Finlandais. Paavo Nurmi remporte cinq épreuves en athlétisme. Autres figures marquantes: le sprinteur anglais Harold Abrahams et le nageur américain Johnny Weissmuller qui deviendra au cinéma le célèbre Tarzan.
         Derrière les Etats-Unis, la France (38, 13 en or) et la Finlande (37, 14 en or) se disputent les accessits.
         Ces Jeux ont levé le voile sur plusieurs "premières". La devise "Citius, altius, fortius" du Révérend Père Didon apparaît. Autre innovation: lors de la cérémonie de clôture, trois drapeaux sont hissés, celui du CIO, celui de la ville-hôte et enfin celui de la ville qui accueille l'olympiade suivante.
         L'absence du public et les difficultés -notamment financières- à monter l'événement ne doivent pas faire oublier que ces Jeux ont été une réussite sportive.



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Dates : Du dimanche 4 mai au dimanche 27 Juillet
Villes candidates : Amsterdam, Barcelone, Los Angeles, Prague, Rome
Participants : 3092 (dont 136 femmes)
Participants français : 318 (dont 19 femmes)
Nations : 44 (dont la Lituanie et la Lettonie, les Philippines et plusieurs pays d'Amérique du Sud)
Sports : 17
Epreuves : 126
Palmarès français : 38 médailles (Or 13, Argent, 15, Bronze, 10)
Serment olympique prêté par : Georges André (Athlétisme)
Ouverture des Jeux : Gaston Doumergue (Président de la République française)
Journalistes : 685

 

  Le saviez-vousTop 

        Moisson : La France a remporté 13 médailles d'or lors de ces Jeux dans 7 sports: cyclisme, escrime, gymnastique, haltérophilie, lutte, tir et water-polo.

        Der des Der : Dernière apparition du rugby, remporté pour la seconde olympiade consécutive par les Etats-Unis. De son côté, le tennis disparaît pour revenir, avec les professionnels en 1988.

        Référence : Pour la première fois aux Jeux, un bassin de 50 mètres est utilisé pour la natation. De même les concurrents disposent de plate-formes de départ sous l'aspect de plots et des lignes de bouchon de liège divisent le bassin en couloirs.

        Média : Environ 700 journalistes suivent les compétitions.

        Radio JO : La TSF fait son apparition et les épreuves sont commentées en direct par Edmond Dehorter. Celui-ci n'hésite pas à se placer dans la nacelle d'un ballon pour mieux suivre les épreuves.

        Home sweet home : Les organisateurs ont pour la première fois l'idée de créer un village olympique. Constitué de barquement en bois, ce village accueille tous les athlètes durant la période des Jeux.

        Bilan : Les Etats-Unis ont obtenu 99 médailles: 45 Or, 27 Argent et 27 Bronze. En athlétisme, ils raflent 12 titres sur 27 mis en jeu et devancent la Finlande (10).

        Adieu : Les Jeux de Paris sont les derniers du baron Pierre de Coubertin comme président du CIO. En 1925, il cède son fauteuil au comte belge Henri de Baillet-Latour et se retire à Lausanne.

        Un bras : Pour la dernière fois, l'haltérophilie inclut des épreuves à un bras, qui comptent pour le total.
        Passion : Le CIO, en refusant d'inviter l'Allemagne à participer à ces Jeux, rallume les passions d'une guerre encore présente dans les esprits. Le Président du Conseil, Raymond Poincaré, donne même des instructions au consulat de France à Berlin, lui enjoignant de ne pas accorder de visas aux athlètes allemands.

        Finlandais volant : Le Finlandais Paavo Nurmi remporte cinq médailles d'or. Il participe grandement à la bonne performance d'ensemble des Finlandais, qui glanent 37 médailles dont 14 d'or.

        Planning serré : Le Finlandais Paavo Nurmi, qui va remporter cinq médailles d'or, s'impose notamment dans le 1500m et le 5000m pourtant disputés à une heure d'intervalle.



      L'exploitTop 

Paavo Nurmi le métronome.
         Après ses trois titres, et une médaille d'argent, remportés à Anvers quatre ans plus tôt, le Finlandais Paavo Nurmi devient le héros des Jeux de 1924 en glanant cinq nouvelles médailles d'or, avec une classe et une aisance sans pareilles.
         Comme pour prouver qu'à 27 ans, il est quasiment invincible, Nurmi établit deux nouveaux records du monde avant les Jeux sur 1500 m et 5000 m alors qu'il est simplement en phase de préparation.
         Comme prévu, il remporte dans le stade de Colombes, le 1500 m, à une seconde de son record du monde mais en établissant un nouveau record olympique. Moins d'une heure plus tard, il s'aligne sur le 5000. Ses adversaires espérent profiter d'une éventuelle fatigue du Finlandais et impriment une rythme très soutenu dès le départ. Voeu pieux. Jusqu'à la mi-course, ce dernier se contente de suivre. Dans les huit derniers tours, Nurmi passe en tête et va faire sa course devant sans jamais se retourner.

Canicule sur Paris.
         Seul son compatriote Ville Ritola reste au contact, mais à 500 mètres de l'arrivée, Nurmi jette sa montre dans l'herbe, après l'avoir consultée une dernière fois, et accélère. Ritola résiste mais doit s'incliner de deux dixièmes de seconde.
         Le lendemain, le métronome finlandais s'adjuge le cross-country individuel et par équipes (établi sur le classement individuel) dans des conditions dantesques.
         Depuis plusieurs jours la canicule s'est abattue sur la région parisienne provoquant une hécatombe. Sur les 38 concurrents au départ, 23 abandonnent, victimes d'insolation pour la plupart.
         Pourtant, lorsque Nurmi entre dans le stade aucun spectateur ne s'imagine les drames qui se déroulent à l'arrière tant sa foulée élastique est fluide.

Science du train.
         Sa moisson parisienne s'agrémente d'un cinquième titre acquis dans le 3000 m par équipes.
         Plus que ses qualités naturelles, l'extraordinaire impression qu'il laisse vient surtout de sa façon de courir. Toujours muni d'un chronomètre, aussi bien à l'entraînement qu'en course, celui qui établira 22 records du monde calcule toutes ses courses jetant un coup d'oeil sur ses temps de passage à chaque tour.
         Cette faculté lui permet d'appliquer sa science du train, tel un métronome, et de se constituer un palmarès olympique hors du commun puisqu'à Amsterdam, en 1928, "l'homme chronomètre" enlève le 10.000 mètres, sa neuvième médaille d'or, et ajoute deux médailles d'argent (5000 m et 3000 m steeple).



      Le faitTop 

Le Baron tire sa révérence.
         Le baron Pierre de Coubertin avait un rêve: faire renaître les jeux Olympiques. Après les avoir mis au monde, il veille à ce que son "enfant" grandisse et lorsqu'il le juge suffisamment mature, il le laisse voler de ses propres ailes et tire sa révérence.
         Ainsi tous les quatre ans à partir de 1896, son voeu s'exauce. Après le désastre des Jeux de Paris en 1900, le Baron ne songe qu'à effacer ce souvenir et à prouver que la capitale française et le pays tout entier sont capables d'accueillir les athlètes du monde entier dans des compétitions confraternelles.
         Lorsqu'il propose la tenue des Jeux de 1924 à Paris, la première réaction des membres du CIO est plutôt froide. Ils préfèrent Amsterdam ou Los Angeles. Mais de Coubertin se bat et convainc, comme trente ans auparavant, tout le monde.

L'héritage du Baron.
         Ce "combat" est d'ailleurs son dernier à la tête du CIO. En 1925, il décide de passer la main et de céder son fauteuil au comte belge Henri de Baillet-Latour.
         L'absence du public et les difficultés -notamment financières- ne doivent pas faire oublier que ces Jeux sont une réussite sportive. Ainsi, entre le 4 mai et le 27 juillet 1924, la France efface la mauvaise image laissée en 1900.
         Le Baron laisse ainsi à son ami aristocrate un événement à l'intérêt grandissant. En effet, quelque 3000 athlètes se rendent à Paris représentant 44 nations. Petit à petit, les innovations, comme le village olympique, donnent à l'événement sa forme actuelle.
         Le paradoxe, alors qu'aujourd'hui son nom est devenu fameux et sa vie respectée, est de constater comment à l'époque il était au mieux ignoré au pire décrié pour vanter les vertus de l'effort physique.          Il se retire donc dans sa demeure de Lausanne où il a établi le siège du CIO, choix contesté notamment par les Français. Jusqu'à sa mort, en 1937, il travaille à la confection d'une "Charte de la Réforme Sportive" notamment. Depuis sa retraite il publie également de nombreux livres, des revues sportives et pédagogiques. Et n'hésite pas à conseiller le CIO.


 
Cette année làTop

        URSS : Le dirigeant et idéologue communiste Vladimir Illitch Oulianov plus connu sous le nom de Lenine meurt le 21 janvier à Gorki à 54 ans.

        Grande-Bretagne : La victoire des travaillistes britanniques aux élections permet la formation du premier gouvernement socialiste.

        Peine capitale : Le 8 février a lieu aux Etats-Unis la première éxécution capitale dans une chambre à gaz.

        Astronomie : L'Américain Edwin Hubble démontre l'existence de galaxies extérieures à la nôtre en observant la nébuleuse d'Andromède.

        Littérature : Le Français André Breton publie son "Manifeste du Surréalisme"

        Paix : Le 16 août, le plan Dawes, dont l'objectif est de résoudre les problèmes créés à l'économie allemande par l'application du Traité de Versailles, est accepté.

        Cinéma : Le film "Les Dix Commandements" de Cecil B. De Mille triomphe aux Etats-Unis.

        Transports : La première autoroute du monde est inaugurée en Italie.




      AnecdotesTop 

        Du mordant : En boxe, le poids moyen français Roger Brousse est disqualifié en 1/4 de finale. Les officiels ont établi qu'il s'agissait bien de l'empreinte de ses dents sur la poitrine de l'Anglais Henry Mallin, le futur vainqueur.

        Porte-drapeau : Géo André -médaillé en 1908 et 1920- est le porte-drapeau de la délégation française, c'est aussi lui qui prononce le serment olympique. Vingt fois champion de France d'athlétisme, sept fois international de rugby et de football mais également boxeur et nageur, il a été préféré à l'escrimeur Lucien Gaudin parce qu'il représente un "chevalier du sport" au sens "coubertien" du terme.

        Tarzan superstar : L'Américain Johnny Weissmuller, qui incarnera plus tard Tarzan à l'écran, remporte trois médailles d'or en natation, le 100 mètres nage libre, le 400 mètres et le relais 4x200 m nage libre, et une de bronze en water-polo. D'autre part, il est le premier nageur à parcourir 100 mètres en moins d'une minute, le 9 juillet 1922 (58.6).

        Grandes plumes : Jean Giraudoux, Henry de Montherlant ou encore Paul Claudel en littérature, Maurice Ravel en musique et Fernand Léger en peinture: les grands noms se bousculent pour participer au concours d'art.

        L'adieu des mousquetaires : Le tennis effectue une dernière apparition aux Jeux avant très longtemps (en 1988, à Séoul). Un certain Henri Cochet remporte la médaille d'argent tandis que ses compatriotes Jean Borotra (4e) et René Lacoste (5e) obtiennent des places d'honneur. En double, les trois Mousquetaires, accompagnés de Jacques Brugnon, se classent 2e (Brugnon et Cochet) et 3e (Borotra et Lacoste).

        Canicule : Le 12 juillet 1924, il règne une terrible canicule sur la région parisienne quand débute le cross-country. 38 concurrents sont au départ de l'épreuve mais 23 doivent abandonner victimes d'insolation. La course disputée sur 10 kilomètres fut si difficile qu'il sera décidé de supprimer cette épreuve du programme olympique. Le Finlandais Paavo Nurmi sera ainsi le dernier vainqueur en cross-country en ayant remporté la médaille d'or en 1920 et 1924. Son compatriote Hannes Kolehmainen avait quant à lui remporté la première édition en 1912.

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