L'exploit
Paavo Nurmi le métronome.
Après ses trois titres, et une médaille d'argent, remportés à Anvers quatre ans plus tôt, le Finlandais Paavo Nurmi devient le héros des Jeux de 1924 en glanant cinq nouvelles médailles d'or, avec une classe et une aisance sans pareilles.
Comme pour prouver qu'à 27 ans, il est quasiment invincible, Nurmi établit deux nouveaux records du monde avant les Jeux sur 1500 m et 5000 m alors qu'il est simplement en phase de préparation.
Comme prévu, il remporte dans le stade de Colombes, le 1500 m, à une seconde de son record du monde mais en établissant un nouveau record olympique. Moins d'une heure plus tard, il s'aligne sur le 5000. Ses adversaires espérent profiter d'une éventuelle fatigue du Finlandais et impriment une rythme très soutenu dès le départ. Voeu pieux. Jusqu'à la mi-course, ce dernier se contente de suivre. Dans les huit derniers tours, Nurmi passe en tête et va faire sa course devant sans jamais se retourner.
Canicule sur Paris.
Seul son compatriote Ville Ritola reste au contact, mais à 500 mètres de l'arrivée, Nurmi jette sa montre dans l'herbe, après l'avoir consultée une dernière fois, et accélère. Ritola résiste mais doit s'incliner de deux dixièmes de seconde.
Le lendemain, le métronome finlandais s'adjuge le cross-country individuel et par équipes (établi sur le classement individuel) dans des conditions dantesques.
Depuis plusieurs jours la canicule s'est abattue sur la région parisienne provoquant une hécatombe. Sur les 38 concurrents au départ, 23 abandonnent, victimes d'insolation pour la plupart.
Pourtant, lorsque Nurmi entre dans le stade aucun spectateur ne s'imagine les drames qui se déroulent à l'arrière tant sa foulée élastique est fluide.
Science du train.
Sa moisson parisienne s'agrémente d'un cinquième titre acquis dans le 3000 m par équipes.
Plus que ses qualités naturelles, l'extraordinaire impression qu'il laisse vient surtout de sa façon de courir. Toujours muni d'un chronomètre, aussi bien à l'entraînement qu'en course, celui qui établira 22 records du monde calcule toutes ses courses jetant un coup d'oeil sur ses temps de passage à chaque tour.
Cette faculté lui permet d'appliquer sa science du train, tel un métronome, et de se constituer un palmarès olympique hors du commun puisqu'à Amsterdam, en 1928, "l'homme chronomètre" enlève le 10.000 mètres, sa neuvième médaille d'or, et ajoute deux médailles d'argent (5000 m et 3000 m steeple).
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