Sommaire | La fiche | Le saviez-vous| L'exploit
Le fait | Cette année là| Anecdotes |


Rome 1960

Un véritable succès populaire

         Ces Jeux romains sont un mélange entre l'avenir avec un nombre-record de participants (plus de 5000 athlètes) venus de 83 pays et le passé avec des sites chargés d'histoire.
         A la fin des années 50, beaucoup de pays nouvellement indépendants, en particulier africains, participent à leurs premiers JO.
         La diplomatie commence à prendre de l'ampleur. La Chine est absente après s'être retirée du CIO en 1958, à la suite de son différend avec Formose.

La télé en direct.
         L'impact des Jeux est amplifié par la retransmission en direct des compétitions.
         La Cité éternelle mêle passé et présent. La lutte a lieu dans la basilique Maxence. Le départ du marathon est donné au Capitole, l'arrivée est jugée sur la célèbre Via Apia, près de l'Arc de Constantine. La gymnastique a pour cadre les thermes de Caracala.
         Le déclin américain en athlétisme s'annonce avec seulement 9 médailles d'or.
         L'Allemand de l'ouest Armin Hary les prive du titre sur 100 mètres et l'Italien Livio Berruti enlève celui du 200, devant un public en délire.
         En demi-fond, l'Australien Herb Elliott améliore le record du monde du 1500 mètres (3:35.6) et ne sera plus jamais battu sur 1500 et le mile.

Bikila le symbole.
         Mais le héros de ces Jeux est l'Ethiopien Abebe Bikila qui gagne le marathon pieds nus et devient le premier noir africain à remporter un titre olympique.
         Pour la première fois depuis 1928, le programme d'athlétisme féminin contient des distances supérieures au tour de piste.
         L'Américaine Wilma Rudolph, vingtième d'une famille de 22 enfants, remporte trois médailles d'or (100 m, 200 m et 4 x 100) alors qu'à 9 ans elle avait été victime de la polio, d'une double pneumonie et de la scarlatine.
         En boxe Cassius Clay s'impose chez les lourds, première étape d'une carrière légendaire.
         L'invincibilité de l'Inde en hockey sur gazon en 30 années d'olympisme s'achève avec la victoire du Pakistan en finale.


      La ficheTop 

Dates : Du jeudi 25 août au dimanche 11 septembre
Villes candidates : Lausanne, Detroit, Budapest, Bruxelles, Mexico, Tokyo
Participants : 5346 (610 femmes)
Participants français : 237 (28 femmes)
Nations : 83
Sports : 17
Epreuves : 150
Médailles distribuées : 461
Président du CIO : Avery Brundage (USA)
Ouverture par : Giovanni Gronchi, président de la République italienne
Dernier porteur de la flamme : Giancarlo Peris (Athlétisme - Italie)
Serment prêté par : Adolfo Consolini (Athlétisme - Italie)
Droits de télévision : 1,178 million de dollars
Journalistes : 2194

 


   Le saviez-vousTop

        Vote : Rome obtient l'organisation des Jeux en devançant Lausanne (35 voix contre 24). Les autres villes candidates sont Détroit (Etats-Unis), Budapest (Hongrie), Mexico (Mexique), Bruxelles (Belgique) et Tokyo (Japon).

        Installations : Le comité d'organisation investit 60 milliards de lires. Le vélodrome est notamment une réussite en étant construit sur du parquet en bois importé du Cameroun. L'aéroport international de Fiumicino sera spécialement édifié pour l'évènement.

        Bateau : La flamme olympique fait le voyage de Grèce en Italie sur le voilier Americo Vespucci et débarque à Syracuse (Sicile).

        Stade : Le Stade olympique possède une tribune de presse de 1126 places. 2194 journalistes sont accrédités.

        Piscine : La température de l'eau dans la piscine olympique oscille entre 22 et 24 degrés gràce à un système de contrôle automatique.

        Nouveaux venus : Le Maroc, le Soudan, la Tunisie, Saint-Marin, Taïwan et la République arabe unie (Union politique de l'Egypte et de la Syrie) participent à leurs premiers Jeux.

        Couleur : Pour la première fois, le porte-drapeau de la délégation américaine est un athlète de couleur, Rafer Johnson, qui sera médaille d'or du décathlon.

        Absence : La Chine communiste, qui est sortie du CIO le 25 août 1958, est absente à Rome.

        Démonstration : Les organisateurs préfèrent ne pas intégrer de sports de démonstration dans le programme olympique.

        Embouteillage : Le président de la République italienne Giovanni Gronchi arrive à la cérémonie d'ouverture avec six minutes de retard à cause des inévitables embouteillages dans les capitale romaine.

        Retour : En athlétisme, le 800 mètres féminin, interdit après plusieurs chutes en 1928, refait son apparition à Rome.

        Nocturne : Le marathon de Rome est le premier de l'histoire à se courir de nuit et dont ni le départ, ni l'arrivée n'ont eu lieu au Stade olympique.

        Et de quatre! : Le Danois Paul Elvstrom obtient sa quatrième médaille d'or consécutive en voile (Classe finn).

        Beethoven toujours : Comme à Melbourne quatre ans auparavant, l'hymne à la joie de la 9e symphonie de Beethoven retentit à chaque victoire de l'Allemagne unie.

        Images TV : Dix-sept pays, membres de l'Eurovision, retransmettent 93 heures et 40 minutes de programmes en direct. La chaîne ABC paie 394.000 dollars pour obtenir les droits de retransmission aux Etats-Unis. Mais il est nécessaire de transporter les images par avion avant de les retransmettre.

        Stars : Le sprinteur italien Livio Berruti devient le premier non Nord-américain à remporter le 200 mètres. Un boxeur au nom de Cassius Clay connaît à Rome la première grande victoire d'une carrière inégalable.

        Bronze : Les médailles ne sont pas données dans un étui mais sur un collier de bronze orné de feuilles d'olive.

        Premières : Le Taïwanais Yang Chuang-Kwang, deuxième du décathlon, remporte la première médaille olympique de son pays. Quant au Pakistan, il met fin à 30 ans d'invincibilité de l'Inde en hockey-sur-gazon.

 

 

      L'exploitTop 

Bikila le "va-nu-pieds".
         L'image de l'arrivée d'Abebe Bikila, vainqueur du marathon de Rome pieds nus, restera gravée en lettres d'or dans l'histoire olympique.
         L'Ethiopien, soldat de la garde personnelle de l'Empereur Haile Selassié, devient à 28 ans le premier noir africain à monter sur la plus haute marche d'un podium olympique.
         L'exploit réussi par l'homme aux pieds nus fut d'autant plus symbolique qu'il fut obtenu à l'endroit même où 25 ans plus tôt, le dictateur italien Benito Mussolini avait envoyé ses troupes conquérir l'Ethiopie.
         Bikila, qui ne court que son troisième marathon dans la capitale italienne, établit pour l'occasion, une nouvelle performance mondiale (2h15'16"2), améliorant le temps du Soviétique Sergi Popov de 8/10e.

De nuit et éclairé par des torches.
         Couru de nuit, les militaires italiens éclairent le parcours avec des torches donnant à la route un air magique. Des milliers de spectateurs se massent au bord du trajet obligeant les organisateurs à intervenir pour qu'ils ne gênent pas les coureurs.
         Au 18e km, deux hommes sortent de peloton: Bikila et le Marocain Rhadi Ben Abdesselem, grand favori, qui portait le maillot français jusqu'à la décolonisation.
         Les deux hommes, au coude à coude, s'ignorent. A 1500 m de l'arrivée, devant l'obélisque d'Axum volé par les troupes italiennes durant la campagne d'Ethiopie, Bikila place son attaque.
         L'Ethiopien coupe la ligne avec 200 m et 25 secondes d'avance sur le Marocain, non sans avoir connu une frayeur dans les derniers mètres en évitant un motocycliste.
         Modeste, l'Ethiopien affirme après sa victoire: "dans la garde impériale il y a beaucoup d'autres coureurs qui auraient pu s'imposer". Mais sa seconde victoire à Tokyo quatre ans plus tard prouvera véritablement la valeur et le talent unique de Bikila.

 


         Le faitTop

L'argent de la télévision entre aux Jeux
         Les Jeux de Rome marquent la véritable entrée de l'argent généré par la télévision dans les jeux Olympiques et surtout dans les finances du CIO, même si peu de gens ignorent encore la révolution que va provoquer cette arrivée dans la physionomie des Jeux.
         Indéniablement l'impact des JO est amplifié par la retransmission en direct, grâce à l'Eurovision, des compétitions pendant 93 heures et 40 minutes. 143 commentateurs venus de 38 pays et 223 techniciens sont ainsi accrédités.
         Les contrats de télévision rapporteront 1.178.257 dollars au Comité d'organisation.
         Pour la première fois, les Jeux vont être retransmis aux Etats-Unis, sur ABC qui devra payer 394.000 dollars. Mais il est, à l'époque, nécessaire de transporter les films par avion entre la capitale italienne et New York pour pouvoir diffuser les images.

Apparition limitée à Berlin.
         La télévision avait fait une première apparition limitée aux Jeux de Berlin avec un système de retransmission en circuit fermé. Pendant 16 jours, 160.000 Berlinois vont payer pour assister en direct aux épreuves, un peu sur le principe du cinéma, devant des écrans répartis sur différents sites de la capitale allemande.
         En 1948, la BBC paie quelque 3000 dollars aux organisateurs pour obtenir les droits de retransmission. Dans un rayon de 80 km autour de Londres, on trouve 50.000 récepteurs et on estime à 500.000 le nombre de personnes qui ont pu regarder les 64 heures et 27 minutes de programmes.
         Quatre ans plus tard, les organisateurs des Jeux d'Helsinki conservent des contacts avec la chaîne américaine ABC qui propose de retransmettre en direct les compétitions. Mais à une condition: ne pas payer les coûts. Les organisateurs refusent.
         De son côté, la BBC paiera aux organisateurs une somme non communiquée publiquement pour pouvoir filmer les Jeux d'Helsinki.

Le CIO veut sa part.
         Ce n'est qu'en 1956 que le CIO commence à voir l'intérêt financier que peut représenter pour lui, et non plus pour les organisateurs, les revenus TV.
         Lors de la session du CIO à Cortina d'Ampezzo (Italie) en 1956, le président de l'époque, l'Américain Avery Brundage, affirme pourtant: "le CIO s'en est sorti pendant 60 ans sans la télévision, et croyez-moi, il s'en sortira encore pendant les prochaines 60 années". Une grave erreur d'appréciation, même si Brundage lui-même, annonce que aussi bien Squaw Valley - Jeux d'hiver- que Rome, ont été informés qu'ils allaient devoir payer les droits aux CIO.
         Cependant, le CIO ne recevra pas un centime sur les 50.000 dollars payés en droits de retransmission par CBS. En effet, le comité d'organisation de Squaw Valley décide unilatéralement de tout reverser à l'état de Californie en compensation des coûts consentis.
         De son côté, Rome propose au CIO de lui donner 5% des droits avec un minimum garanti de 50.000 dollars. Après certaines hésitations, le CIO décide d'accepter la proposition. Mais très rapidement, il abandonne sa timidité initiale et réclame une part chaque fois plus importante du gâteau pour assurer sa pérennité.

 
 
Cette année làTop 

        Littérature : L'écrivain français Albert Camus meurt dans un accident de la route le 4 janvier.

        Mer : Le Suisse Augusto Piccard et son fils Jacques plongent à 10.900 mètres dans un bathyscaphe le 23 janvier.

        Nucléaire : La France fait exploser sa première bombe atomique dans le Sahara le 13 février.

        Brésil : Le 21 avril, la cité de Brasilia, nouvelle capitale de Brésil, est inaugurée.

        Guerre froide : Un avion d'espionnage américain U2 est détruit pendant un survol de l'URSS le 1er mai et son pilote fait prisonnier.

        Nazis : Le 23 mai, les services secrets israéliens séquestrent en Argentine Adolf Eichmann, un des principaux criminels de guerre nazis. Après un procès à Jérusalem, il sera éxecuté.

        Afrique : Le Congo belge accède à l'indépendance le 30 juin. 10 autres pays en feront autant entre le 1er juillet et le 17 août: Somalie, Madagascar, Dahomey, Niger, Haute-Volta, Côte d'Ivoire, Tchad, République centrafricaine, Congo français, et Gabon.

        Congo : La province du Katanga fait sécession en juillet du reste de l'ex-Congo belge et oblige l'ONU à intervenir.

        Contrôle : Pour la première fois la pilule contraceptive est mise en vente aux Etats-Unis.

        Etats-Unis : John F. Kennedy remporte les élections présidentielles américaines le 9 novembre.

        Belgique : Le roi Baudoin de Belgique épouse Fabiola de Mora et Aragon.


      AnecdotesTop 

        Mort : Les Jeux de Rome sont le théatre d'un drame: la mort d'un cycliste danois de 21 ans, Knud Eneberg-Jensen, pendant le 100 km contre la montre par équipes, victime à la fois du dopage et d'une insolation. Il s'agit du deuxième décès pendant les JO après celui du marathonien portugais Francisco Lazaro en 1912.

        Erreur : La finale du 100 mètres nage libre s'est terminée dans la plus grande confusion. L'Australien John Devitt et l'Américain Lance Larson sont au coude à coude au moment où les deux nageurs touchent la planche d'arrivée. Les juges chargés de déterminer l'ordre d'arrivée désignent Devitt. La consultation des temps officiels donne l'avantage à Larson d'un centième (55"1 contre 55"2). Un chronométrage électronique officieux confirme ces temps en les affinant (55"10 à Larson contre 55"16 à Devitt). Mais en dépit du bon sens, le responsable du jury déclare Devitt vainqueur. Pendant quatre ans, les Etats-unis tenteront d'obtenir gain de cause. En vain.

        Afrique : Le marathon romain se court de nuit. L'Ethiopien Abebe Bikila, soldat de la garde de l'Empereur Haile Sélassié, l'emporte pieds nus. Il franchit la ligne à l'endroit même où 25 ans plus tôt le dictateur italien Mussolini avait envoyé ses troupes conquérir l'Ethiopie.

        Famille : Le sabreur hongrois Aladar Gerevich fête ses 50 ans lorsqu'il remporte le titre par équipes. Cette médaille est sa dixième olympique, dont sept en or. Vingt-quatre ans séparent sa première, obtenue à Berlin et la dernière. Son beau-père, Albert Bogen, avait remporté l'argent pour l'Autriche en 1912 en sabre par équipes. Sa femme, Eva Bogathy, le bronze au fleuret individuel en 1932 et son fils remportera le bronze en 1972 et 1980 en sabre individuel.

        Bénédiction : Le Pape Jean XXIII a béni un millier d'athlètes sur la place Saint-Pierre avant les compétitions. Il assistera aux demi-finales de canoé-kayak depuis les fenêtres de sa résidence de Verano.

        Polio : L'athlète noire américaine Wilma Rudolph, vainqueur du 100 mètres, du 200 mètres et du 4x100, a obtenu une belle revanche sur le mauvais sort qui ne l'avait pas épargné au cours de son enfance avec une attaque de la polio, une pneumonie et la scarlatine à l'âge de 9 ans. Vingtième d'une famille de 22 enfants, cette maladie faillit lui coûter son pied gauche.

        Protestation : Les Chinois de Taïwan participent depuis 1956 aux Jeux sous le nom de Formose, ce qui déplaît aux dirigeants du pays. Derrière le porte-drapeau, un athlète tient une pancarte sur laquelle on peut lire "Under protest" pour manifester le désaccord de la délégation.

        Doyenne : En remportant la médaille d'argent du javelot à 37 ans et 348 jours, la Tchèque Dana Zatopekova, par ailleurs épouse du légendaire Emil Zatopek, est la doyenne des médaillées olympiques aux Jeux.

        Professionnel : Dix des douze membres de l'équipe américaine de basket-ball, qui s'impose en finale face au Brésil, passeront professionnels. Parmi eux, Oscar Robertson, Jerry Lucas, Jerry West, Walt Bellamy et Terry Dischinger.

        Six : Le Suédois Gert Fredriksson remporte sa sixième médaille d'or devenant du même coup le kayakiste le plus médaillé de l'histoire olympique. De 1948 à 1960 Fredriksson se forge un palmarès impressionnant. 1948: K1 (1000m et 10.000m), 1952: K1 (1000m), 1956: K1 (1000m et 10.000m), 1960: K2 (1000m).

        Humiliée : La Soviétique Elvira Ozolina, qui remporte le javelot à Rome, s'est sentie tellement humiliée par sa cinquième place en 1964 qu'elle se rase la tête et refuse de se cacher le crâne sous un foulard.

        Tremblement de terre : Lors de la cérémonie d'ouverture, les Chiliens défilent avec un bandeau noir en raison d'un terrible tremblement de terre qui a touché le pays.

        Versatile : L'haltérophile américain d'origine japonaise Tommy Kono gagne la médaille d'argent des moyens. Il remporte sa troisième médaille olympique consécutive mais, fait unique, chacun de ses podiums est obtenu dans une catégorie différente (1952: légers, 1956 lourds-légers). Par ailleurs, Kono sera élu deux fois "Monsieur Univers".

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